L’accès à la culture cinématographique s’opère de plusieurs manières. Les avis éclairés et subjectifs d’une part, les aperçus promotionnels et tapageurs des trailers d’autre part, ou les magazines avertis et convaincus de diriger des hordes de spectateurs vers des goûts plus que contestables. Certes, il en faut pour tous les goûts, mais le cinéma doit aussi être une ouverture d’esprit à des milliers d’images. Le cinéma, à l’exemple d’un bon livre ou d’un tableau de maitre, cela peut ou cela se doit d’être comparé et mis en liaison avec un ensemble vaste.
Blow Up existe depuis Novembre 2010. Magazine dématérialisé, en de rares fois diffusé sur Arte, a fêté son 200e épisode en Novembre 2014. L’occasion, pour le Blog La Maison Musée, de revenir sur l’une de nos sources pour apprécier le cinéma dans son histoire et son actualité. Toujours avec un avis personnel délivré par Thierry Jousse (Principalement) et doublé d’une diversité quasi inédite dans le format, Blow Up n’est pas assez connu à nos yeux. Parmi les quelques milliers de vues sur chaque vidéo, espérons que de nouveaux regards se tourneront vers un magazine 2.0 Web TV.
Connaissances par Web TV
Blow Up : un programme à suivre à la lettre ! (Moonrise Kingdom de Wes Anderson)
Blow Up adopte le format dématérialisé pour mieux se diffuser et avec plus de simplicité. De plus en plus en adéquation avec nos habitudes pour s’informer et apprendre, Blow Up n’est clairement pas en déficience de qualité ou leurrant sur des approximations. Précis puis illustré, il y est question de brasser toutes les approches d’une idée par des réalisateurs et des époques différentes. Régulièrement, les équipes de Blow Up développent un thème lié à un fait, une envie, une idée ou une sortie imminente au cinéma. Les intervenants, souvent eux-mêmes réalisateurs (Thierry Jousse, Dominique Gonzales-Foerster …), partagent leurs choix à propos d’une thématique.
S’il ne fallait retenir qu’une seule vocation au web magazine Blow Up, ce serait « populariser le cinéma ». Un film de F.-W. Murnau type Nosferatu pourrait très bien côtoyer une vision plus moderne de Dracula car le fil conducteur principal serait « Dracula au cinéma ». En l’espace de quelques minutes voire environ 15 minutes et davantage pour les épisodes les plus longs, le spectateur a l’occasion d’être un témoin 2.0. Des dizaines de séquences sont choisies et rassemblées pour en extraire des connaissances. Sans imposer une interprétation, un objet fait l’objet de plusieurs sens. C’était notamment le cas avec l’épisode « Les lunettes au cinéma ». Du style inimitable d’Audrey Hepburn à la fonction intellectuelle de l’objet, tous les cas de figures sont aperçus pour être un aperçu suffisant sur un objet récurrent du cinéma. Cohérent, agréable, décomplexé, Blow Up ne propose pas une critique impartiale mais mêle volontiers les genres et les époques. Les Teen Movie, les nanars, les Blockbusters : tous ont leur place dans les épisodes concoctés par Blow Up dans de bons ou de mauvais exemples.
En quelques chiffres, Blow Up a atteint 3 200 000 millions de vues grâce à ses 200 émissions. Un résultat pourtant en deçà des bienfaits apportés par l’un des magazines du cinéma.
Apprendre à lire et écouter le cinéma
L’escalier au cinéma. Un thème simple voire bête pour certains. Pourtant, les enseignements et ses usages sont extrêmement précis. (Ran, Akira Kurosawa)
Le cinéma se définit par la multitude de métiers qui servent à concrétiser un film. De la conception du générique à la création musicale en passant par les décors et costumes, tous ont leur place dans Blow Up. Les ambitions du Web Magazine sont élevées et sont partagées humblement. En s’adressant autant aux passionnés qu’aux fins connaisseurs, le fondu enchainé, la manière de filmer l’objet du miroir au cinéma ou les grands principes du fondu : Blow Up essaye de partager les éléments fondamentaux.
La musique au cinéma, c’était aussi l’occasion de revenir sur l’implication de Gainsbourg en tant que musicien et furtif acteur. (Le Pacha, Georges Lautner)
Le grand objet d’étude de l’émission consiste à analyser des images fréquemment employées en des temps très différents. A quoi sert le chapeau dans Borsalino ? En quoi les Water Closets ne constituent pas le propre des Frère Coen et de leur célèbre The Big Lebowski ? A la manière d’un commentaire de textes, nos spécialistes s’amusent à sélectionner et rendre leurs interprétations souvent justes. Elles sonnent avec exactitude puisqu’elles comptent sur une collection importante de scènes, des plus célèbres aux plus absurdes voire curieuses pour satisfaire votre insatiable curiosité. En somme, à la grande différence d’autres magazines papier intéressés par la dimension people, Blow Up s’intéresse à comprendre l’image. Un objectif assez convainquant la plupart du temps, épanouissant quasi systématiquement en raison d’une collection d’exemples assez riche.
Blow Up est un magazine aux multiples formes. Recut, Top 5, montages, biographies express ou la vie d’un réalisateur en 5 minutes : autant dire un programme large et intéressant à voir en détails.
Blow Up : un programme haut en couleurs
Dans les dernières scènes des Grands réalisateurs, Blow Up revient sur la carrière de Mr. Hithcock. (Complots de Famille, Alfred Hitchcock)
Tous, nous avons certains préjugés sur le cinéma. On ne regardera peut-être pas un film de Luis Buñuel pour une idée d’élitisme, vous passerez peut-être à côté d’un film d’Alfred Hitchcock parce qu’il est en noire et blanc ou encore, les films de la Nouvelle Vague japonaise ne sont définitivement pas faits pour vous. Nous tendons à croire qu’Arte contribue à maintenir le projet Blow Up pour une question culturelle essentielle. En simplifiant les choses, en construisant simplement et en retraçant les oeuvres essentielles des réalisateurs ou idées précitées, entre autres, BlowUp peut intéresser tout le monde. La diversité des émissions créée le prouve: des biographies rapides ou des aperçus sur les génériques de films sans oublier l’intérêt pour les musiques originales de films … Autant de sujets capables de dynamiser et maintenir toute l’attention du public.
Les émissions de Blow Up ont l’ambition de brasser presque tous les domaines liés au cinéma : musique, manières de filmer, acteurs, réalisateurs célèbres …
Gratuit, Blow Up multiplie ses domaines de connaissances. Si nous serons dubitatifs quant à l’intérêt des émissions Recut, qui consistent à créer un montage d’un thème à l’aide de plusieurs films différents dans le but d’obtenir le début et la fin d’un objet à analyser, toutes sont destinées à instruire efficacement. La meilleure preuve étant sa simplicité à transmettre les informations clefs à l’aide de sources bien employées. On pourrait critiquer Blow Up en pensant que l’émission ne s’intéresse qu’au cinéma projeté en salles. De temps en temps, les séries télévisées les plus récompensées et les plus sérieuses sont également utilisées comme des objets d’étude. Dans un épisode dédié aux « Escaliers dans le cinéma« , Mad Men devient un bel exemple. Dans la biographie express de Martin Scorsesse, on ne manque pas de citer son implication à Boardwalk Empire.
Qu’ajouter ? Blow Up veut transmettre simplement. Sa base de données déjà conséquente est accessible à tous les cinéphiles, sans exception, pour, à terme déconstruire nos préjugés pour mieux construire notre perception du cinéma. Une noble mission qui a de l’intérêt à être connue et visionnée lors de vos heures perdues.
Liens utiles
Blow Up diffuse régulièrement ses sondages et dernières actualités via les réseaux sociaux. Sur Facebook comme sur Twitter. A tout moment, l’émission est de nouveau visible sur Arte.tv ou sur YouTube. Quasi tous les épisodes y sont visibles.