La solidarité selon l’Union Européenne

Publié le 24 avril 2015 par Demosthene @BrebisG

Des millions d’européens en rêvent pour leurs prochaines vacances. Pour des millions d’autres personnes la Méditerranée elle est la voie pour fuir, l’ultime solution pour mettre les siens à l’abri de la guerre, des persécutions, de la misère.  La Méditerranée est le théâtre d’une tragédie quotidienne. Chaque jour des centaines d’africains embarquent sur des bateaux de fortune avec l’espoir de rejoindre l’Europe. Chaque jour des femmes, des enfants, des hommes périssent dans cette entreprise.

Le bilan du dernier grand naufrage survenu dimanche 19 avril au large des côtes libyennes (800 morts) est si spectaculaire que les dirigeants européens se réunissent en conseil extraordinaire consacré à la crise des migrants en Méditerranée. Il est temps ! De nombreux naufrages font régulièrement la Une de nos journaux ces dernières années. En 2014, 200 000 exilés ont réussi la traversée et 3 500 y ont laissé leur vie. Pour 2015 une institution onusienne, l’OMI, estime qu’ils seront 500 000 à tenter la traversée et plus de 10 000 à périr en mer. Quelques 70 000 réfugiés séjournent en ce moment-même en Sicile. Il est vraiment temps que l’Union Européenne se mobilise.

Face à cette crise humanitaire, que font les pays européens, que font les voisins de l’Italie ? RIEN ! Ou quasiment rien. La seule réponse de l’Union Européenne et ses membres a consisté jusque-là à consacrer 3 millions d’euros par mois à la mission TRITON, gérée par l’agence européenne FRONTEX. Cette opération vise à soutenir l’Italie dans la gestion du flux migratoire par voie maritime. Elle a pris le relais de l’opération Mare Nostrum, entreprise par l’Italie, qui y a consacré 9 millions d’euros par mois d’octobre 2013 à octobre 2014. Triton représente quelques 100 millions d’euros par an, une broutille au regard des 168 milliards d’euros du budget de l’UE.

A chaque emballement médiatique relatif au drame méditerranéen, nos gouvernants surfent cyniquement sur la vague. C’est qu’il faut naviguer entre deux écueils : Ne pas sembler insensible au sort des migrants et ne pas laisser croire que nos bras sont trop grands ouverts au candidats à l’asile. Bernard Cazeneuve, notre ministre de l’intérieur, déclarait en septembre dernier que « la France ne peut accueillir tout le monde ». Son homologue allemand estimait à la même époque que l’effort de l’Allemagne en matière d’accueil des demandeurs d’asile « est très élevé, voir surproportionnel ». Le Premier ministre britannique, James Cameron, vient de déclarer : « Je vais offrir le HMS Bulwark, l’un des plus grands navires de guerre britannique » avant d’ajouter « cela implique que les gens que nous repêcherons ou avec lesquels nous aurons affaire seront emmenés vers le pays sûr le plus proche, le plus probablement l’Italie, et qu’ils ne pourront demander immédiatement l’asile au Royaume-Uni ».

Pour l’instant, les décisions prises en urgence par l’UE semblent dérisoires : Triplement du budget Triton (cela reste ridicule), priorité à la lutte contre les trafiquants et programme pilote destiné à accueillir 5000 réfugiés syriens supplémentaires (or, plus de 3 millions sont en exil…)

L’Union Européenne a donc fait le choix 1/ d’un dispositif de secours insignifiant et tourné vers la surveillance des frontères et 2/ du statu quo concernant sa politique migratoire restrictive.