Points d’impacts des régions cérébrales activant des acouphènes
Une étude scientifique publiée dans la revue scientifique Current Biology fait état d’une avancée majeure dans la localisation des acouphènes au niveau du cortex cérébral.
En effet, elle relate que ces signaux corticaux ont été localisés dans le cerveau d’un patient épileptique de 50 ans qui devait bénéficier d’une chirurgie pour traiter son épilepsie résistante à tout traitement médicamenteux. Pour cela, le patient a été mis sous surveillance constante pour dresser le tableau clinique précis de ces crises, grâce à 164 électrodes implantées dans son hémisphère gauche et sur une durée de deux semaines.
Les chercheurs ont ainsi pu comparer les périodes de son activité cérébrale où l’acouphène était en phase aigüe avec celles où elles retournaient à la normale. Ils ont ainsi constaté que le signal acouphénique concernait un ensemble assez étendu de régions cérébrales. Sur la photo de l’hémisphère gauche du patient, on peut en effet constater que les localisations sont multiples et d’intensités différentes. Comme l’a déclaré le Dr Philip Gander de l’Université américaine de l’Iowa, « c’est très rare qu’on puisse suivre un patient, par cette technique d’implantation d’électrodes, qui souffre à la fois d’épilepsie et d’acouphènes. »
Ce qui est particulièrement intéressant, c’est que la méthode d’inhibition résiduelle utilisée par ces médecins pour localiser les acouphènes rappelle en bien des points les effets positifs et inhibants des bruits masquants en thérapie sonore. Les chercheurs ont en effet soumis leur patient à 60 séances courtes de 30 secondes de bruits écoutés au casque. Les acouphènes aigus et constants du patient ont fortement diminué après chaque écoute. Il a suffi alors de comparer l’activité cérébrale avant et après chaque séance pour constater des impacts résiduels dans le cerveau, comme le confirme le Dr William Sedley, co-auteur de la recherche et neuroscientifique à l’Université de Newcastle. Des tracés d’ondes cérébrales et neuronales spécifiques aux acouphènes ont ainsi été déterminés.
On pensait jusque-là que le signal de l’acouphène n’était vraisemblablement émis que par le cortex auditif et on découvre dans cette recherche innovante qu’une proportion très importante de régions du cerveau est impactée par les acouphènes. Mais ce phénomène si étendu est-il aussi développé lors de la survenue des bruits auditifs? Cette expérience clinique effectuée sur un cas unique ne permet pas de le définir.
Il n’en reste pas moins vrai que cette découverte valide que le signal acouphénique est avant tout cérébral, que les bruits masquants ont un effet inhibiteur et transitoire sur les acouphènes, même si certains protocoles de thérapie sonore demandent à être réévalués. Il reste toutefois à déterminer si ce mécanisme neuronal concerne tout type de bruits auditifs ou seulement certains, et surtout de tester cette méthode sur un échantillon représentatif de patients souffrant d’acouphènes et non épileptiques.
Philippe Barraqué, musicothérapeute, docteur en musicologie, expert santé
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