Aujourd’hui on vous parle d’une des réussites littéraires de ce début d’année 2015, d’un roman paru début janvier. Ça ne vous dit rien ? L’auteur est pourtant connu, certains de ses romans ont été adaptés au cinéma et on y retrouve souvent des thèmes sulfureux. Toujours pas ? Mais si, un roman écrit par quelqu’un célèbre pour son côté scandaleux, très polémique ? Il s’agit évidemment de M̶i̶c̶h̶e̶l̶ ̶H̶o̶u̶e̶l̶l̶e̶b̶e̶c̶q̶ Virginie Despentes et de son dernier roman, Vernon Subutex.
Virginie Despentes © JF Paga
« Une nouvelle comédie humaine ». Si vous lisez une autre critique de Vernon Subutex, vous risquez de rencontrer cette expression, probablement accompagnée des mots tels que « moderne », « d’aujourd’hui » ou « nécessaire ». Pourquoi? D’abord parce que faire référence à Balzac c’est toujours bien vu. Ensuite parce que dans ce premier volet des aventures de Vernon Subutex, ce qui marque le plus c’est le défilé des personnages. On pourrait reprocher parfois certaines facilités, notamment dans le portrait du trader qui héberge un temps le héros, mais ce qui en ressort globalement c’est une grande justesse dans la description. Despentes nous offre une visite guidée dans la tête de ses personnages avec un panorama imprenable sur leur pensées, leurs sentiments, leurs combats, leurs déceptions. Tout nous est révélé et ça n’est pas franchement joli à voir. La plupart des personnages ont été abîmés par la vie, il y a des traumatismes horribles, des blessures qui ne cicatriseront jamais.
Le lien entre tous ces écorchés s’appelle Vernon Subutex. Un nom étrange (c’était un ancien pseudo de Virgine Despentes) pour un personnage qui l’est tout autant. Rarement un héros de roman a été autant transparent, presque absent de son propre livre. Il sert de prétexte à la succession des portraits. Durant sa chute lente, presque tranquille mais inéluctable, on voit se succéder les partenaires, les compagnons éphémères de Vernon.
Comme chez Houellebecq, il y a une critique du matérialisme, de l’égocentrisme, de la frustration de notre époque. Même si ces sentiments et ces émotions sont incarnées par les personnages que Despentes fait vivre devant nous, il est intéressant de voir que ceux-ci ne sont jamais présentés comme des monstres. Ils conservent leur logique propre, leur conviction d’être dans le vrai. L’humour de Despentes contribue également à dédramatiser des personnages et des situations souvent tristes, parfois tragiques.
Vernon Subutex I se termine (peut-être?) sur un hommage à Balzac. Avec une fin comme ça, la suite est très attendue. Ça tombe bien, car Vernon Subutex 2 est prévue pour le 9 juin. Encore un mois.
Enzo
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Vernon Subutex I, Virginie Despentes, Grasset, 2015 (397p)
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