Déniché dans une jolie librairie, ce livre m'a tout de suite attirée par sa belle couverture couleur papier kraft et son dessin naïf d'une scierie, puis intriguée par le terme "récit anonyme présenté par Pierre Gripari".
En effet, La Scierie est une sorte de journal de bord écrit a posteriori par le narrateur et auteur, décrivant ses deux ans passés dans diverses scieries pour gagner sa vie entre le bac et l'incorporation au service militaire. L'auteur nous livre ici une sorte d'ode au travail manuel, sans jamais s'apitoyer sur son sort ni toutefois masquer la terrible difficulté et dangerosité de ce métier qui nécessite sans cesse attention, acuité et force brute pour ne pas se laisser happer sous les scies circulaires.
Daté des années 50, ce livre interpelle par son intemporalité et son rythme happant - impossible de lâcher une fois entamé, ainsi que son prologue subtil de Pierre Gripari.
L'auteur captive par sa loyauté, sa dureté, mais également par son style d'écriture qui rend si vivant tous les bruits et stress de la scierie - nous permettant même de passer outre le jargon propre à la scierie utilisé fréquemment au fil du récit (billes, billots, dégo, griffes, ...)
On est frappé parfois par la cruauté du narrateur envers ses collègues, lui qui en vient à espérer que d'autres se blessent - mais également par la terrible réalité de ces métiers où un ouvrier malhabile peut mettre en péril la vie de tous les autres ...
Un récit très atypique, tant par son sujet que par sa forme - confession sans fard d'un jeune homme volontaire sur l'âpreté dont il a fait montre pendant ces deux ans en scierie.
La Scierie, récit anonyme présenté par Pierre Gripari, éditions Héros Limite