Peu après avoir obtenu un triomphe bienheureux aux Césars, une forme de petite contestation s'est mise en place envers Timbuktu, dernier long-métrage d'Abderrahmane Sissako. Il paraitrait que le mérite qu'une presse envoutée lui accorde ne proviendrait que d'une bonne conscience bourgeoise faussement indignée prompt à applaudir devant le traitement délicat et subtil du tant caricaturé djihadiste.
Voilà la dernière victime collatérale d'un succès inattendu dont Chloé faisait avec une grande justesse l'éloge lors de sa sortie. Dans un contre-sens idiot, voilà que des commentateurs aigris ont omis l'intention digne et sincère portée avec une remarquable pudeur par Sissako. Son cri d'alerte n'a rien d'un calcul festivalier mais répond à un bouleversement humain et universel.
Avec la poésie macabre de la vie, Timbuktu déconstruit des images médiatiques en leur redonnant leur fragilité humaine et leur âme intérieure, que ce soit dans le camp des victimes comme dans celles des intégristes musulmans. On y retrouve alors bouleversé l'angoissante actualité du Maghreb et la déchirante petitesse humaine, mêlées en un appel sincère à reconsidérer la vision qu'on leur appose. Juste beau.
Timbuktu est disponible en Blu-Ray et DVD.