Les éditions Radio France ont édité l’automne dernier un magnifique album de Pierre et le loup, sur un enregistrement de l’Orchestre National de France avec Pierre et Morel à la récitation. Un livre qui fait suite au film d’animation créé par la même équipe artistique. En matière de Pierre et le loup vous pensez avoir tout entendu ? Alors voici ce qu’il y a à voir…
Dès le début de l’histoire, le parti pris est de proposer une écoute associée au livre.
Ecoutez bien et ouvrez grand vos yeux. Voici l’histoire de Pierre et le loup.
Une histoire pas comme les autres. Écrite sur un livre pas comme les autres.
(…)
Dans le livre, chaque personnage est représenté par un instrument qui joue.
On ne propose plus simplement aux enfants d’écouter, on leur demande de regarder. Et pas n’importe quoi, mais un livre d’une grande liberté visuelle, où les pages sont découpées et se déploient au rythme de l’histoire. Les personnages sont quant à eux représentés par des éléments de typographie, les mots bousculés, répétés, amplifiés, coloriés… une véritable réinvention du texte, plutôt épuré à l’origine.
Pierre-Emmanuel Lyet et Gordon reprennent l’univers créé pour le film et s’adressent à des enfants qui commencent à appréhender les lettres, voire la lecture. Par exemple, le Grand (5 ans) s’est littéralement jeté sur le livre, avec un enthousiasme particulier pour le loup : « Regarde maman comme il fait peur sur cette page ». Je pense même m’en servir quand on abordera la lecture : c’est pratique, il le connaît par cœur !
IMAGE ET MUSIQUE
Si l’image est très importante et donne un souffle nouveau à l’œuvre, elle n’est pas suffisante et n’a de sens que parce qu’elle est liée à la musique. Pierre et le loup, c’est avant tout une œuvre musicale, interprétée ici par l’Orchestre national de France, dont les musiciens incarnent avec conviction les personnage. Car c’est aussi la finesse de l’interprétation qui permet aux enfants de se projeter dans la musique. La flûte gazouille vraiment, on sourit en entendant le chat ramper au son de la clarinette… A l’écoute, on a l’impression que les musiciens s’amusent et qu’ils incarnent véritablement leurs personnages, comme c’est en général le cas dans les concerts jeune public.
Et ça se vérifie à l’écran !
On l’a vu plus haut, il y a aussi et d’abord un film. Celui-ci, édité en DVD, mêle animation et mise en scène de l’orchestre. On y voit le chef Daniele Gatti diriger, tandis que les différents solistes apparaissent au fil de l’histoire, perchés sur les arbres ou défilant avec le loup captif. Il y a de la légèreté et de l’humour, ponctués de quelques pirouettes.
L’univers visuel est riche et inventif, avec un esprit cartoon qui séduit les plus jeunes. Chez nous le Grand, qui je dois avouer a très rarement le droit de regardes des vidéos, a adoré. Les musiciens jouent avec générosité, entrant de plain pied dans l’univers enfantin sans trop en faire. Un intérêt supplémentaire du film est que l’interprétation des musiciens devient concrète, physique. Les enfants voient les instruments en mouvements : on n’est plus seulement dans un univers sonore, mais dans le visuel. Une bonne préparation à l’expérience du concert !
L’Ochestre National de France
Récemment mis en avant dans les médias pour le meilleur et pour le pire, précisons que l’Orchestre National de France est le plus ancien des deux orchestres de Radio France. Le second est l’Orchestre philharmonique de Radio France. A l’heure où on parle beaucoup de budget, il me semble que ce projet est l’occasion de mettre en lumière une mission essentielle de l’orchestre, transmettre la musique à un public non mélomane, et pas forcément dans la salle de concert.
Le livre : Pierre et le Loup, éditions Radio France, illustrations de Pierre-Emmanuel Lyet et Gordon, raconté par François Morel, interprété par l’Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti
Le DVD : Pierre et le Loup, édité par Caméra Lucida / éditions Radio France, illustrations de Pierre-Emmanuel Lyet et Gordon, réalisation: Gordon, Corentin Leconte, raconté par François Morel, interprété par l’Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti