On dit que la moitié de l’énergie produite au niveau mondial est gaspillée. Pour réduire ce gâchis, beaucoup de choses sont à faire (et commencent à être mises en place) dans le domaine de la construction, de l’éclairage (public et privé), de la mobilité et de la production industrielle. La pertinence de chercher à améliorer son efficacité énergétique devient de plus en plus évidente pour les entreprises comme pour les consommateurs. En témoigne la récente création par GDF Suez d’un incubateur de start-up dédié à l’efficacité énergétique.
Toutefois, le financement reste le point faible du développement des projets d’efficacité énergétique. En effet, d’un point de vue financier, ceux-ci posent des questions auxquelles il n’est pas forcément facile d’apporter des réponses toutes faites. Au contraire des purs projets de production d’énergie « verte », ils sont indissociablement liés aux modes de production et aux actifs existants des entreprises. Ils seront donc davantage liés à la solidité de l’entreprise qui cherche des financements qu’à leur rentabilité intrinsèque.
Ces dernières années ont vu l’émergence de fonds d’investissement public-privé (pour de gros projets), mais aussi de nouveaux modèles de financement de ce type de projets, comme les contrats de performance énergétique (CPE). D’un point de vue comptable, ils présentent pour les entreprises l’avantage d’apparaître comme des services et non des emprunts.
Mais en dehors de certains fonds spécialisés, les investisseurs peinent parfois à trouver la porte d’entrée. Ceci laisse une place à d’autres modes d’apport de fonds, comme le financement participatif. En supprimant les intermédiaires, celui-ci a l’avantage d’offrir, à risque équivalent, un moindre coût du capital pour l’emprunteur, et de meilleurs rendements pour le prêteur.
Le projet de loi relatif à la transition énergétique pour la croissance verte, déposé le 30 juillet 2014, prévoyait l’obligation, pour les sociétés porteuses de production d’énergie renouvelable, d’ouvrir leur capital au crowdfunding. Et si le crowdfunding avait le potentiel de révolutionner le secteur de l’efficacité énergétique ? Les premiers portails de financement peer-to-peer dédiés ont d’ores et déjà fait leur apparition aux Etats-Unis et en Allemagne, pour de petits projets de particuliers ou de PME.
En France, la plateforme cowfunding, basée dans le Nord-Pas-de-Calais, permet à tout un chacun d’apporter son obole à des projets ayant une portée citoyenne. Parmi ceux-ci, on trouve des projets d’efficacité énergétique : par exemple, remplacer des éclairages énergivores dans un bowling ou installer un système de récupération de chaleur dans une entreprise d’horticulture. Lendosphere, autre plateforme française, invite les citoyens à « prendre part à la transition énergétique ».
Par ailleurs Energie partagée propose aux particuliers de souscrire, à partir de 100 €, à un fonds citoyen qui investit dans des projets de production d’énergies renouvelables ou d’efficacité énergétique. Enfin, GDF Suez a annoncé le lancement imminent d’une plateforme de crowdfunding, Green Channel, dédiée aux projets de production d’énergies renouvelables, mais aussi d’efficacité énergétique. Serait-ce l’émergence d’un nouveau paradigme ?