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Born again : matt murdock se releve toujours
Publié le 23 avril 2015 par Universcomics @Josemaniette
C’est dans les épreuves qu’on prend la dimension d’un homme. Et bien sur, à surhomme, super épreuve. Matt Murdock, avocat le jour et justicier la nuit, a toujours réussi à préserver, plus ou moins bien, sa double identité, qu’il a tout de même révélée à quelques personnes triées sur le volet. Parmi celles-ci, son ex petite amie, Karen Page, qui a fini par le quitter et tenter sa chance en Californie, à la recherche d’une gloire éphémère dans le cinéma. Mais la carrière de Karen a pris un mauvais pli : elle a fini par succomber aux tentations de la drogue et tourne même désormais des films X ! Par un jour de grand manque, elle finit par vendre son secret ( Matt est Daredevil ! ) contre une énième dose, et sans s’en rendre vraiment compte, va plonger l’existence de son rouquin bien aimé dans un véritable enfer. Kingpin ( Le Caïd en VF ) s’empare de l’info et décide de se venger de son ennemi de toujours, de le faire s'enfoncer inexorablement vers le néant, de le rôtir à petit feu…Tout y passe : Matt perd son emploi, ses comptes sont congelés, le fisc se retourne contre lui, il est déchu du barreau, jusqu’à son appartement qui est plastiqué : rien ne résiste au pouvoir du Caïd, dont le cône d’influence englobe quasiment toute la communauté. Le véritable diable, celui qui se nourrit de l'âme de la ville de New-York, ce n'est pas ce démon à cornes en costume rouge, cet homme qui n'a jamais autant été sans peur que depuis qu'il n'a plus rien à perdre (pour avoir tout perdu), c'est Wilson Fisk, le maître corrupteur, qui est digne de ce titre. Acculé, blessé, à la rue, Matt va devoir lutter pour sa survie, retrouver sa dignité avant même de pouvoir réclamer à nouveau le droit à l’existence, et la pente à remonter sera rude ! Une épreuve si cruelle, si éprouvante, que les éditions Lug, à la fin des années 80, ont choisi de faire l'impasse et de censurer la série, privant ainsi les lecteurs français d'un récit majeur et tourmenté.
Born Again (Renaissance) est une œuvre forte, pleine d’un humanisme courageux, une leçon de vie et de narration, un autre de ces volumes indispensables qui traversent les époques sans la moindre ride, et qui forcent l’admiration de générations de lecteurs. Miller offre là son testament personnel, pour le personnage de DD, et il est secondé à merveille par le trait raffiné et exquis d’un Mazzucchelli au sommet de son art. On appréciera également les premières pages de chacun des épisodes, qui mettent en scène un Matt Murdock au lit, dans différentes postures, révélant combien sa dépression et son calvaire l'entraîne au plus bas de la misère existentielle, avant de remonter péniblement la pente, une fois recueilli par les soeurs, dans le giron de l'église. Seule l’issue est un peu moins convaincante, avec l'apparition de ce soldat sous amphétamine, Nuke, à qui Kingpin a recours pour définitivement en finir avec son antithèse. C’est un peu moins subtil que le reste, ce qui n’empêche qu’on ne peut rester qu’admiratif devant le résultat d’ensemble. Pour Wilson Fisk, Murdock (et donc Daredevil) n'est pas un simple adversaire à tuer, au détour d'une ruelle ou d'une balle perfide, mais c'est une idée, un concept, qu'il souhaite anéantir. Celui du bien et de l'espoir, de ce que l'être humain a de meilleur en lui et lui consent de faire face debout, contre vents et marées. En cette période de crise économique et de grande dépression, même les super héros tombent parfois, mais miracle des comics, ils se relèvent et sortent grandis de toutes ces horribles vicissitudes. Que ce soit en 1986, date de création de ce petit bijou, ou aujourd'hui, avec une nouvelle récession économique et idéologique qui lamine les aspirations et les rêves de toute une génération. Matt Murdock peut plier, il n'est qu'humain, mais Daredevil ne rompra pas. Jamais. Récemment reproposé par Hachette dans la collection de référence Marvel (en kiosque), Born Again sera aussi au menu du volume 3 de Daredevil par Frank Miller, dans la collection Marvel Icons (le 1° juillet)
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