« Ça a commencé comme une plaisanterie. Une blague de très mauvais goût. Le genre de truc dont on n'aurait osé parler à personne, Chloé et moi, de peur de passer pour des monstres. (...) On n'était pas obsédées par la célébrité, d'autant qu'elle est éphémère, les gens ont la mémoire courte. Non, l'intérêt c'était plutôt d'avoir un rôle crucial lors d'un événement important. Une façon de rester vigilantes et réactives, quoi. »
Tout s'embrouille dans la tête de Chloé quand elle découvre qu'il ne suffit plus d'avoir une éducation complète pour entrer dans l'université de son choix, il faut aussi de la motivation, une forte personnalité et combattre l'adversité. Elle met alors au point, avec son amie Finn, un faux kidnapping. Tandis qu'elle se planque dans la maison de sa grand-mère, savourant son succès devant son poste de télévision, Finn est dépassée par l'ampleur du drame qui se joue à l'extérieur et tente de trouver une issue favorable.
Le plan des deux ados peut sembler stupide, naïf et irréfléchi, mais il est dénonciateur des défauts de notre société, comme la pression sociale, la spirale médiatique et ses effets pervers. Difficile alors de ne pas se sentir concernée, ou littéralement happée, par le fil de l'histoire, qui se déroule selon une orchestration simple en apparence, avant de se révéler féroce et implacable.
La lecture est en effet hallucinante, voire frustrante, car les deux héroïnes sont rudement agaçantes par leur égoïsme et leurs mauvaises décisions. On n'éprouve aucune empathie pour elles, au contraire on s'indigne et on a envie qu'elles se ressaisissent (peut-on infliger pareille torture à sa famille ?!). Même leur amitié sera mise à rude épreuve, faisant voler en éclats le vernis des apparences.
L'histoire est donc d'une redoutable efficacité, avec un suspense au taquet et la démonstration d'une supercherie aux conséquences dévastatrices. Bonne pioche pour ce roman qui se veut captivant, poignant, tordu... scotchant !
Milan, coll. Macadam, mars 2015 ♦ traduit par Pascale Houssin (Accomplice)