Dust de Sonja Delzongle 4/5 (20-04-2015)
Dust (528 pages) est sorti le 2 avril 2015 aux Editions Denoël, dans la collection Sueurs Froides.
L’histoire (éditeur) :
Quelque part en Afrique, la mort rôde...
2010. Dans un terrain vague de Nairobi, un gamin à vélo s’amuse à rouler dans une grande flaque sur le sable ocre. Du sang humain, répandu en forme de croix. Sans le savoir, le garçon vient de détruire une scène de crime, la première d’une longue série. 2012, à Nairobi. Une femme albinos est décapitée à la machette en pleine rue. Le tueur a emporté la tête, un bras aussi. Elle a été massacrée, comme beaucoup de ses semblables, parce que ses organes et son corps valent une vraie fortune sur le marché des talismans. Appelée en renfort par le chef de la police kenyane, Hanah Baxter, profileuse de renom, va s’emparer des deux enquêtes. Hanah connaît bien le Kenya, ce pays où l’envers du décor est violent, brûlant, déchiré entre ultramodernité et superstitions. Mais elle ne s’attend pas à ce qu’elle va découvrir ici. Les croix de sang et les massacres d’albinos vont l'emmener très loin dans les profondeurs du mal.
Mon avis :
Les romans ayant pour décors l’Afrique ont le don de me faire particulièrement frissonner. La violence (presque ordinaire) et la sorcellerie sont deux éléments qui, je trouve, enrichissent incroyablement bien les thrillers.
Dust avait donc tout pour me plaire : des crimes en série sans cadavres (juste une grande flaque de sang en forme de croix), des mutilations en pleines rues révélant une cruelle réalité (le trafic d’albinos), des motivations relevant de la sorcellerie et un décor franchement loin d’un paradis exotique.
Après une brève présentation d’Hanah Baxter (profileuse de 43 ans, originaire de Saint Malo, vivant à New York, spécialisée en science criminelle et en profilage, au tempérament aussi solide que sa réputation), l’appel de Ti Collins, directeur le CID du Kenya (Criminal Investigation Department) pose les bases du livre : intriguant, effrayante et complexe.
Depuis 2 ans, des croix en sang humain sont retrouvée un peu partout sur le sol de Nairobi et de ses alentours. La présence d’Hanah (avec qui il a déjà collaboré sur une précédente affaire) est indispensable pour arriver à dresser le profil de ce monstre. Il ne lui faut d’ailleurs pas longtemps pour comprendre pourquoi les corps restent introuvables. La réalité de l’Afrique ne tarde pas non plus à être révélée avec le massacre d’une jeune femme albinos dont les membres sont amputés pour être livrés aux sorciers africains. C’est dans ce pays tout en dualité où se côtoient superstitions et modernité, barbarie et l’humanité, richesse et extrême pauvreté, que l’auteure entraîne cette éclectique équipe d’enquêteurs et son lecteur.
L’immersion a été rapide et surtout totale. J’ai été très rapidement captivée par cette enquête, qui nous offre même la chance de découvrir très rapidement les motivations du tueur, en nous plongeant (avec parcimonie) dans sa vie et son histoire. Sans toutefois révéler son identité, Sonia Delzongle nous permet d’en savoir plus sur cette personnalité énigmatique (d’en comprendre certains détails), tout en instaurant une angoisse supplémentaire. Il est là mais encore bien tapis dans l’ombre…
Les divers sujets abordés ont fait preuves d’une bonne documentation de la part de l’auteure et deviennent alors aussi passionnants qu’effrayants. En effet, avec Dust, elle met en avant la disparité de ce continent, son obscurantisme, sa violence extrême et ses traditions d’un autre siècle. Ce contexte, enrichi de sacrifices, de trafics d’organes et de crimes en série, a de quoi vous glacer, et ne vous laisse pas vraiment de répit. L’intrigue est très bien mise en place et se développe avec solidité pour rendre l’histoire complexe sans jamais perdre le lecteur. Chaque découverte permet un bref éclaircissement mais laisse encore de nouvelles questions nous assaillir et lorsqu’une affaire finit par être résolue, une bien plus vaste finit par être révélée.
La galerie de personnages tient elle aussi un rôle important dans ce roman. Leurs différences tant sur le plan physique, qu’au niveau de leur origines (souvent pénibles) et de leur tempérament, sont appréciables. Chacun possède sa singularité mais tous ont la même particularité : une rudesse et une rigueur sans faille. Les interactions et les rapports ne sont pas toujours tendres mais c’est sans doute le gage d’une enquête efficacement menée dans un pays aussi mystérieux que cruel.
Parce que c’est un roman policier avec une (double) intrigue riche et au suspens bien présent, parce que l’Afrique n’est pas souvent au centre des thrillers et parce que le style de Sonja Delzongle est fluide, alerte et ’efficace, n’hésitez pas à lire Dust. Ce roman très sombre que vous ne lâchez plus une fois commencé, tient toutes ses promesses et ne cède à aucun moment à la facilité ni à la surenchère.
En bref : une première lecture de l’auteure enthousiasmante !