- que la population mondiale, aujourd'hui de 7,2 milliards d'individus, devrait atteindre 8,1 milliards en 2025, 9,6 milliards en 2050 et 10,9 milliards en 2100. Puisque plus on est de fous, plus on rit, si on parvient à ce que, allez, soyons optimistes, 90% des humains soient fous le plus rapidement possible, on devrait se gondoler sévère, non ? On pourrait me rétorquer qu’il y aura des enjeux bien plus importants et sérieux que de savoir si on va se marrer ou non. Je répondrai : c’est bien le problème ! Le contraire serait mieux. Par exemple, le nombre de personnes de 60 ans et plus devrait tripler d'ici à 2100 pour atteindre près de 3 milliards. Sera-ce une aubaine pour le tourisme, pour la garde des petits-enfants, pour les émissions de France 3, ou tout au contraire faut-il prévoir de repousser la retraite à 70 ans tout de suite afin de prévenir la certitude de trous béants dans les caisses ? Si on résout maintenant, ce sera résolu, et on n’aura pas à résoudre plus tard. Optons pour la résolution douce plutôt que la révolution dure.
- que 85 % des 1,36 milliard de Chinois se partagent une centaine de noms de famille. On compte ainsi environ 93 millions de Wang, 92 millions de Li et 88 millions de Zhang ! Les pourcentages auront-ils changé en 2100 ? Non. L’ONU, en faisant des calculs projectifs sûrement complexes, affirme que la population chinoise devrait amorcer une diminution après 2030, pour atteindre 1,1 milliard d'habitants en 2100. Mais perdra-t-on plus de Wang que de Li ou plus de Zhang ? Et pourquoi si peu de patronymes ? Parce que la vie est plus facile quand elle est moins compliquée. Tu as vu qui ? Hein, qui tu as vu ? Wang ? Ah, je l’aime bien, Wang. Et ça marche pour la collègue de bureau, le compagnon de marche, la pote de bistrot, le coiffeur, la teinturière, l’agent comptable ou l’institutrice. Que choisissons-nous ici, en France, pour nous faciliter la vie, à nous aussi ? Que des Martin, Dupont et Duchmol, ou pour faire plus simple, plus démocratique, des Monsieur ou Madame France ? Après, on jouera sur les prénoms. Si on résout maintenant, ce sera résolu, et on n’aura pas à résoudre plus tard. Optons pour la résolution douce plutôt que la révolution dure.
- que les personnes nées en 1968 ont vu la population de la planète doubler pendant leur vie alors qu'ils ont aussi dû entendre qu'on ne double pas, dans les files d'attente. Mais, vous me direz, à raison, que ça n'a rien à voir. En 1968, la population mondiale était d'environ 3,6 milliards, et désormais elle est de 7,2 milliards. Ce qui fait le double, effectivement. Bon, les nés de 68, interrogez votre famille, ceux qui vous ont connu ou bercé enfant, et plongez dans vos souvenirs. Alors, est-ce que les humains semblent deux fois plus nombreux, quand vous regardez tout autour de vous ? Plus essentiel encore, semblent-ils deux fois plus heureux, épanouis, joyeux, en pleine santé ? Vous avez vécu dans l’ère du progrès, les téléphones portables sont arrivés, internet aussi, la médecine a progressé. Est-ce que les humains sont deux fois plus égaux qu’avant vous ? Si ce n’est pas le cas, les personnes non-nées en 68 doivent-elles porter la responsabilité de cet échec à celles nées en 68 ? A leurs parents ? Ou au mois de mai français de cette année-là qui n’apporta pas ce que certains espéraient ? N’y avait-il finalement pas de plage sous les pavés ? Doit-on alors relever nos manches dès aujourd’hui pour faire mieux demain ? Si on résout maintenant, ce sera résolu, et on n’aura pas à résoudre plus tard. Optons pour la résolution douce plutôt que la révolution dure.
Magazine Humeur
jeudi 23 avril 2015