En réalité, le dispositif – développé en partenariat avec un spécialiste du coaching de bien-être (Vitality) – est une combinaison de pratiques relativement classiques et de technologies modernes. En premier lieu, le questionnaire de santé rempli lors de la souscription permet non seulement de définir les termes du contrat mais également d'établir un programme d'activités adapté à la situation personnelle de l'individu (âge, condition physique…), tandis qu'un bracelet connecté FitBit lui est fourni gratuitement.
Dès lors, et uniquement s'il le souhaite, l'assuré peut mesurer son comportement au jour le jour – dont, par exemple, le nombre de pas marchés et le rythme cardiaque – et partager cette information avec la compagnie. Si ses résultats sont conformes aux objectifs qui lui sont fixés (comprenant en outre des check-ups médicaux et la lecture de contenus choisis), il reçoit des points et fait progresser son statut. Il peut alors prétendre à des bons cadeaux – utilisables pour une multitude de services (voyage, restaurant, épicerie…) – et à des réductions de prime, jusqu'à -15%.
Afin d'éviter tout risque de rejet arbitraire et tout dénigrement susceptible de ternir son image, John Hancock a multiplié les garde-fous : participation sur une base de volontariat, exclusion formelle de possibles impacts négatifs, qu'il s'agisse d'augmentations de prime ou de résiliations… La volonté affichée est de faire de ce programme un modèle doublement gagnant – pour la compagnie comme pour l'assuré, lorsque ce dernier allonge son espérance de vie (en bonne santé) – par une approche incitative « douce » et sans contraintes, de celles qui s'avèrent généralement être les plus efficaces.
Toutes ces explications n'empêcheront pas certains consommateurs de s'inquiéter de voir leurs informations personnelles ainsi captées et exploitées par leur assureur. Dans un billet sur le sujet, Tom Scales (Celent) tente, avec raison, de relativiser la valeur réelle pour d'éventuels cybercriminels des enregistrements de rythme cardiaque et des séances d'exercice physique. Pourtant, à l'ère des « big data », qui sait à quoi de telles données pourraient servir un jour ? Plus insidieux, chaque nouveau pas vers plus de partage nous rapproche de l'inacceptable sans que nous nous en rendions compte…
Alors, puisqu'il semble inéluctable que cette première expérience soit rapidement suivie d'autres, avant de passer à une généralisation plus ou moins rapide, il faudra se souvenir de rester toujours extrêmement vigilant sur les évolutions apportées à ce genre d'offres et aux termes des contrats associés… Et en attendant, pourquoi ne pas profiter d'une solution réellement positive pour la santé (au moins pour ceux d'entre vous qui ne sont pas encore choqués par les contreparties demandées) ?