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Après les consécutives sorties sur le label Unknown Precept, A Tranquility (lire) et A-Morality (lire), c’est un doux euphémisme que de suggérer l’affection que l’on destine à Florent Mazzocchetti, Maoupa Mazzocchetti de son nom de scène, tant pour son approche aérée et légère d’une techno noise mystérieusement conçue par le biais d’un fatras analogique peuplant la chambre de ce dernier, vivotant quelque part entre la maîtrise du bruit par un Low Jack trustant L.I.E.S et les textures en clair-obscur d’un Charles Torris animant Le Matin sur Mathematics, que pour le personnage à la fois nonchalant et discret, se délestant de sourires à la mesure d’un humour qu’on imagine piquant. A mille lieux donc de la soupe que l’on nous sert sous couvert de nouvelle vague techno, instiguée plus par des chargés en communication que par de véritables figures de la nuit et une professionnalisation à tous les étages des métiers du clubbing. D’ailleurs, le Bruxellois concoure par ses initiatives, dont les soirées ORPHEU qu’il met en place à l’Épicerie Moderne, à un dessein épousant rigoureusement le notre, préférant arracher la musique électronique de ses carcans bien trop souvent étouffant. On ne nous enlèvera pas de l’idée, qu’il se passe plus de choses en terme de création aux Instants Chavirés à Montreuil ou au Bootleg à Bordeaux, que dans les bétaillères type La Machine, ou tous les autres lieux plus ou moins affiliés. A quelques jours de la sortie effective de son troisième maxi 14.07.A sur PRR! PRR!, nous avons saisi l’occasion pour questionner Florent et lui soutirer une mixtape exclusive, à écouter et télécharger ci-après. En sus, les dates de ses futurs live shows, sachant qu’outre sa présence à la future soirée Tiers Etat au Cirque Electrique à Paris (Event FB), une excitante tournée Unknown Precept se prépare en septembre, et un stop au Garage MU le 25 du mois, avec Nick Klein, Profilgate, Miguel Alvarino en colistiers.
Maoupa Mazzocchetti l’interview
Tout d’abord, comment en es-tu arriver à ton projet Maoupa Mazzocchetti ? Que faisais-tu avant et d’où vient cette obsession pour le vieux matos ?
Ma première approche musicale a été initiée par mon oncle et ma tante (post-hippies) qui possédaient pas mal de djembé et autres percussion dans le genre. À cause de ça, je me suis pris de passion pour la batterie vers l’âge de 10 ans. Je m’en construisais avec des boîtes de lego et des couvercles de casserole après que mon oncle m’ait filé une « vraie » caisse claire. J’ai ensuite pris des cours de batterie. J’ai fini par arrêter car je ne supportais plus l’odeur des cahiers de solfège. Plus tard, la découverte des disques rock de mon père m’a emmené à la guitare. C’est devenu mon instrument, et je crois, une des clefs de voûte de ma perception de la musique.
À par la batterie je n’ai jamais appris un instrument de manière traditionnel. Je me suis toujours débrouillé avec ce que j’avais. En fait, de manière générale, je me sens plus « chercheur » que musicien. Le projet Maoupa est arrivé de manière naturelle, après la dissolution de mon groupe en 2012 dans lequel j’étais à la guitare et aux boîtes à rythme. On était plutôt branché cold wave, post-punk, minimal synth, synth pop… À ce moment-là on ne se posait pas la question de jouer analo ou pas. Les artistes qu’on admirai comme Fad Gadget, D.A.F, Soft Cell, Liaisons Dangereuses, Grauzone, Throbbing Gristle, Artefact, Cabaret Voltaire, jouaient avec des boîtes à rythme, des synthétiseurs et des guitares, alors ont faisait pareil, et surtout, on ne savait pas faire autrement. Depuis, je ne sais faire de la musique qu’en manipulant.
Même si c’est le boulot des journaleux que de décrire ce que tu fais, y’a-t-il un concept derrière ce que tu fais et que tu essayes coûte que coûte de poursuivre et d’approfondir ?
Ce que je lis, écoute, goûte et regarde m’influence forcément à un moment ou un autre. Mais on ne peut pas parler de concept à long terme. J’aborde la musique comme un simple outil. Je produis constamment, mais sans me poser la question d’où et quand est-ce que cela va sortir. Les sorties deviennent le prétexte à rassembler des titres produits pendant une même période sur un même support. Ensuite, tout se fait assez naturellement.
De quoi est faite ta collection de disques ? Y’a de tout ? Des dominantes ?
C’est encore une petite collection. Ça va de l’industriel, minimal synth, synth pop en passant par de la techno, post-punk, rock de toutes époques confondues. J’ai aussi pas mal de MP3 de mauvaise qualité dans mon ordinateur. Malheureusement ça s’oublie et se perd plus facilement qu’un disque.
Tu considères ta musique comme de la techno ou comme quelque chose de plus large ?
Je n’ai pas une approche ni un but particulièrement Techno. Pas plus qu’une démarche laboratoire en tout cas. De manière générale, lorsque j’écoute des trucs actuels, je suis rarement sensible à du revival ou à des codes musicaux qui connotent un style bien précis. En tout cas j’essaie de ne pas me prendre à ce jeu-là avec ce que je produis. En ce moment j’écoute majoritairement des musiques électroniques de la fin des 70’s à la fin des 80’s comme oTo, John Bender, Joseph K, Portion Control, Robert Rental, S.M Nurse, Y Create, DZ Electric, Danton’s Voice, Robert Turman, Tom Ellard… Cette génération qui voulaient à tout prix scinder avec le passé et les instruments traditionnel sous une démarche assez frontale. Souvent une puissance enterrée par des instruments et autres modulations indisciplinées. Une sorte de minimalisme incisif avec un brin de légèreté, à la limite de la naïveté pour certains morceaux. Je suis également fasciné par la vision futuriste du son que possédait cette génération. Contrairement à la tendance actuelle, ces gars produisaient avec des machines à la pointe de la technologie pour inventer le son de demain. La suite la plus logique pour cette génération avant-gardiste et de voir en ce siècle, des live de Philippe Laurent ou encore Severed Head, entouré d’Ipads et de contrôleur usb.