Ironie de l'histoire à part ce tweet
@ivanberaud on se demande pourquoi les organisations syndicales ne prennent pas position sur le #PJLRenseignement http://t.co/OsuOoFNGy6
— pascal petit (@pascalpetit) April 18, 2015
tout le monde se fiche de la position des Organisations Syndicales sur le sujet. Pourtant dans l'histoire (du livret ouvrier, aux listes noires des comités des forges en passant par le fichage des syndicalistes du projet Edvige de l'ex président Sarko ou la dissolution des confédération par le régime de Vichy) les syndicalistes ont été en contre coup (pas seul bien entendu) à la pointe du combat pour les libertés.Mais là n'est pas le sujet. Le sujet, c'est le #PJLRenseignement est-il ou non attentatoire aux libertés individuelles et aux libertés économiques ? Et dans le cas positif, cette limitation de la liberté est-elle proportionnée à l'efficacité accrue des services de l'Etat en charge de la sécurité ? Avec un codicille non accessoire sur la mesure de l'efficacité et sur le contrôle de l'atteinte aux libertés.
Ce #PJLRenseignement est dans la droite ligne de la la diffusion de l'idéologie de la transparence. Diffusion à entendre parfois au sens propre comme avec les scanners dans les aéroports (qui permettent, dans les aéroports équipés, aux agents de sécurité de vous reluquer comme si vous n'étiez pas habillé). Seul le ministre de l'intérieur peux croire que la vie privée et l'intimité n'est pas une liberté fondamentale. Quand bien même nous n'avons rien à cacher, nous ne souhaitons pas être transparent. Tout le monde sait que les couples font l'amour, tout le monde sait comment on le fait, et pourtant généralement nous le faisons loin du regard des autres. C'est même théoriquement interdit de le faire en public.
Nous apprenons, tous, à nos enfants que certaines choses se font en privés, non pas parce que cela serait honteux ou illégal, mais parce que cela ne concerne que l'individu ou les individus directement concernés. Nous apprenons aussi à nos enfants à ne pas tout dévoiler de leur vie sur Internet, à l'école, ou dans la rue.
La transparence totale est profondément déstabilisante pour le psychisme humain. Elle est d'ailleurs utilisée pour déshumaniser des adversaires ou des ennemis. C'est une forme de torture "douce" (au sens où elle ne laisse pas de trace physique), utilisé dans de nombreux systèmes pénitentiaires, en garde à vue ou à titre de punition collective comme au Kosovo en 1981 avec l'interdiction de fermer les portes des maisons.
Mais au delà de l'atteinte aux libertés individuelles, le #PJLRenseignement est aussi une atteinte aux libertés économiques. Qui va croire une demi seconde, à l'heure du big data et de sa valorisation que les données collectées vont dormir dans des disques durs ? Le jour où la justice intéressera aux modalités de vente du Mistral à l'Inde, qui peux croire qu'elle ne regardera pas dans les bases qui, quand et pourquoi est allé, a eu, aurait du avoir (et donc a caché) des contacts avec des indiens hauts ou moins hauts placés. La question de l'intelligence économique est posée. Mais qui choisira les entreprises qui bénéficieront du coup de pouce du regard furtif ou non dans les bases ? Qui et sur quels critères telle ou telle entreprises pourra être surveillée. Par exemple Peugeot entreprise à moitié chinoise peut-elle (doit-elle) voir ses communications vérifiées.
Au moment où les objets connectés se multiplient, la surveillance de vos communication avec ses objets en dit évidement infiniment sur vous. Si votre montre connectée montre une élévation de votre rythme cardiaque et que vous n'êtes pas géolocalisé dans une salle de sport, Google (Android, Apple sinon) doit-il prévenir votre femme si celle-ci n'est pas géolocalisé à vos cotés, le Samu ou la NSA ? Et ce chauffage toujours éteint alors que votre frigo est rempli c'est louche non ? Cela mérite surement une visite de la police. Blogounette, certainement pas. Les objets connectés en disent beaucoup, leur déconnexion plus. La multiplication de ces objets, la logique de leurs interactions nous en disent également encore plus. Et cela dans la vie personnelle comme dans la vie professionnelle.
La Poste dans sa stratégie numérique parle de confiance, et c'est bien pour cela que les créateurs d'activité dans le numériques sont vent debout face au #PJLRenseignement : la transparence absolue et sauvegardée sur les serveurs conduira les acteurs sociaux et économiques à refuser de partager de l'information sur les réseaux et cela mettra à mal la construction d'un modèle économique et/ou social des activités basées sur le numérique.
Il faut certainement une loi sur le renseignement pour contrôler les officines publiques ou parapubliques (ou strictement privés) qui foisonnent sur le marché de la sécurité. Pour autant cette loi ne doit pas être une loi d'amnistie pour les débordements passés et à venir. Celà doit être une loi qui cadre l'activité du renseignement et qui surtout détermine les modalités de contrôle a priori et à posteriori de ces officines.
Du point de vue démocratique le contrôle a priori et a posteriori doit être judiciaire. Toute intrusion dans la vie privée, dans le secret des affaires (brandi face aux syndicaliste mais pas face aux officines du renseignement) doit s'opérer sous le contrôle du juge. Dans un état démocratique, seul un juge peut décider de la limitation de la liberté d'un individu ou d'un collectif d'individu.
Plus pervers probablement, l'illusion de l'algorithme et de la sécurité "automatique". Prenons 4 exemples : TV 5 Monde. Avec les désormais célèbres "boites noires" de Cisco monitorant le réseau de cette entreprise. S'il n'y a personne pour traiter les incidents mineurs (au sens des algorithmes) alors un jour on découvre (trop tard) que ces incidents mineurs préparaient en fait un attaque plus vaste.
En fait la "boite noire" rassure, mais comme on ne traite pas en vrai l'incident, l'agresseur reste libre de continuer son agression.
Le deuxième exemple (TV5Monde toujours et les mots de passe punaisés dans le décors d'un interview télé) montre que même avec la plus belle muraille de Chine, le plus simple pour entrer est encore de piquer (plus ou moins violemment) la clef du portier. Bercé par une douce illusion de sécurité, le journaliste ne sait pas qu'il n'est pas que journaliste, mais aussi portier du système de sécurité et qu'il est en train de l'ouvrir (la porte) sans même s'en rendre compte.
La vidéosurveillance est utilisée dans de nombreux lieu public. Pourtant nous avons tous pu constater les 7 et 9 janvier, que les attentats avaient eu lieu à des endroits vidéosurveillés, et que cette surveillance n'avait pas accéléré l'arrivé des secours. En fait, personne ne regarde les caméras...
Dernier exemple sur la vidéosurveillance, la mésaventure d'un homme d'affaire chinois qui se fait voler ses affaires dans une gare truffée de caméra, mais évidement, chacun s'en doute, la police a autre chose à faire qu'à regarder les enregistrements des caméras.
Alors vient la magie de l'algorithme : dans la boite noire, dans le système de vidéosurveillance, il y aura un algorithme qui permettra de détecter les comportement déviant et potentiellement dangereux. Sur la base de ces résultats vous serez surveillés ou pas.
Cette magie de l'algorithme, Amazon l'a, et rêve de vous expédier par la voie postale les objets dont vous pourriez avoir besoin sans en avoir eu encore conscience. La différence entre Amazon et les officines de renseignement c'est que si Amazon se trompe, elle remballe sa marchandise et va chercher à la livrer au client suivant sur la route de votre facteur favori. Si l'algorithme de #PJLRenseignement se trompe, on fait quoi ? on vous ressort de prison 30 ans plus tard. D’ailleurs sur quel base on vous mettra en prison : sur celle de vous aviez l’intention de commettre un crime dont vous saviez pas encore que telle était votre intention.
C'est sur cette base, qu'en 1940 furent interné en France les anti nazis Allemand (nationaux d'un pays ennemi) et les japonais au Etat Unis (en décembre 1941). Les anti nazi allemands furent directement livré à Hitler après la défaite. Les japonais connurent un destin moins funeste et finirent par être relâché en 1944 (1945 pour les moins chanceux).
Ne soyons pas inquiet, l'algorithme servira à donner du travail aux officines et à 25 agents pour surveiller un putatif terroriste, il seront occupé pour quelques années, pour une efficience malheureusement nulle comme nous le montre la situation aux USA, où, malgré les programme de surveillance de la NSA, l'activité des radicalisés de tous poils se poursuit.
Non en fait, le terrorisme n'est pas virtuel, il est dans la vrai vie. Pour revenir aux terroristes des 7 et 9 janvier, il n'y avait pas besoin d'algorithme pour les connaitre mais de traîner ses guêtres sur les trottoirs du 19ème arrondissement, mais cela est probablement plus fatiguant que de regarder un algorithme magique tourner.
Alors voilà pourquoi vous trouverez la signature d'un syndicaliste au coté de 663 créateurs d'activité pour défendre les libertés publiques et privées !