A l’issue du salon Aircraft Interiors qui s’est tenu la semaine derničre ŕ Hambourg, Fabrice Brégier, le patron d’Airbus, invité par l’Association des journalistes professionnels de l’aéronautique et de l’espace (AJPAE), a fait un rapide tour des nouveautés et des pistes sur lesquelles l’avionneur travaille. Et, au détour d’une phrase anodine en apparence, il a męme lancé l’idée qu’ŕ l’heure des communications par Internet, des tweets et autres réseaux sociaux, il serait certainement possible de distribuer des étoiles aux compagnies aériennes. L’idée est séduisante. Car dans ce cas, ce serait les passagers eux-męmes qui attribueraient des étoiles en fonction de leur propre perception du confort de la cabine compagnie par compagnie, classe par classe, etc., et non pas des organisateurs de salon comme ce fut encore le cas ŕ Hambourg oů furent attribués les Crystal Cabin Awards 2015.
Les avionneurs, motoristes et grands équipementiers ont aussi déjŕ pris l’habitude de distribuer des prix du meilleur fournisseur. Au titre de 2014, Boeing a décerné le 15 avril le trophée de Fournisseur de l’Année au spécialiste du pneumatique Michelin. Parmi les 14 entreprises mondiales et une université qui ont été primées, quatre autres sont également françaises et ont reçu un Ť Boeing Performance Excellence Award ť. Il s’agit d’Air France KLM E&M, Ateliers de la Haute-Garonne (AHG), Gerflor et Radiall. Dans ce type de prix les critčres pris en compte sont la qualité, le respect des coűts et aussi des délais.
Et sans jamais le citer, lors de son intervention le 16 avril, Fabrice Brégier n’a pas décerné le moindre petit prix ŕ l’un de ses fournisseurs de sičges qui met ŕ mal la livraison en temps et en heure d’appareils aussi bien chez Airbus que chez Boeing. A savoir Zodiac Aerospace dont Fabrice Brégier s’est refusé ŕ prononcer le nom. Plus généralement, Fabrice Brégier a envoyé une volée de bois vert ŕ l’encontre des équipementiers : "Je pense que les fournisseurs d'équipements de cabine feraient bien d'avoir un niveau de maturité industrielle équivalent ŕ ceux des fournisseurs d'avions. Ce sont maintenant des grands industriels, pas des petites PME, ils doivent mettre en place les dispositifs pour tenir leurs engagements. Cela devient inacceptable", n’a t-il pas hésité ŕ dire.
Message entendu par le groupe Zodiac Aerospace qui tenait ce mercredi 22 avril une réunion pour présenter les résultats financiers du premier semestre de son année fiscale. Car si ŕ mi-exercice son chiffre d’affaires s’annonce une nouvelle fois en hausse ŕ 2,32 Md€ (+ 16,3 %), son résultat opérationnel courant est en fort recul : 177,7 M€ contre 263 M€ pour le premier semestre de l’exercice 2013/2014. Un recul mis sur le compte des difficultés rencontrées par les activités sičges d’avions. Et pour y remédier, Olivier Zarrouati, président du directoire de Zodiac Aerospace, explique en synthčse que le groupe tire les enseignements de ces évčnements et qu’il met en place le plan Ť Focus ť qui vise ŕ renforcer ses structures et ses processus. Et d’affirmer que Ť Zodiac Aerospace sortira renforcé de ces difficultés. ť
La performance industrielle qui englobe qualité, coűt et délais nous emmčne bien loin des seules préoccupations des passagers car pour eux, la ponctualité est un critčre, le prix du billet d’avion aussi, mais le confort de l’avion compte également pour beaucoup. Cercle vicieux. Or, est-il utile de rappeler que ce confort est contraint par des critčres technologiques qui relčvent de la conception de l’avion et donc de l’avionneur, mais résulte pour l’essentiel de l’aménagement intérieur avec lequel les compagnies aériennes exploitantes ont choisi d’équiper leurs flottes. C’est la compagnie cliente qui choisit ce niveau de confort et qui choisit ses fournisseurs d’équipements męme si ces équipements sont montés par l’avionneur. Et si un équipement est en retard de livraison, l’avionneur sera aussi en retard pour livrer l’appareil Ť bon de vol ť ŕ la compagnie.
Alors, est-il envisageable de lancer un guide de la meilleure compagnie au monde avec des critčres aux multiples facettes ? Pourquoi pas ! On y trouverait des étoiles distribuées aux compagnies aériennes par classe, non seulement pour le confort du sičge de chacune d’entre elles mais aussi pour l’espace alloué entre chaque rang, le service restauration (le fameux catering), l’état des sanitaires, de nombreux critčres seraient ŕ choisir en fonction aussi du type de vol sur lequels on trouve tel ou tel service et incidemment de l’appareil que la compagnie a choisi en fonction des destinations qu’elle dessert. Car on n’aménage pas un monocouloir qui fait du court-moyen courrier comme un trčs gros-porteur trčs long courrier qui peut ętre ŕ deux ponts comme c’est le cas de l’A380.
Tout serait passé au crible, du niveau sonore de l’appareil ŕ la qualité des sičges ou fauteuils, męme l’offre des programmes proposés par les systčmes de divertissement en vol (IFE) tout autant que l’originalité de la vidéo de sécurité que la compagnie aérienne et tenue de projeter ŕ chaque départ d’avion. Et lŕ, je pense qu’arriverait en premier –au moins pour l’heure- la compagnie Air New Zealand qui n’a pas hésité ŕ concevoir son film sécuritaire avec en toile de fond le thčme des Hobbit et du Seigneur des Anneaux cher au réalisateur néo-zélandais Peter Jackson au demeurant grand fanatique de l’aviation avec son formidable musée de l’aviation prčs de Picton.
Nicole Beauclair pour Aeromorning