Un Peu, Beaucoup, Aveuglément // De Clovis Cornillac. Avec Clovis Cornillac, Mélanie Bernier et Lilou Fogli.
J’ia appris à aimer au fil des années Clovis Cornillac dont je n’étais pas forcément le plus grand défenseur fût un temps. Mais depuis Le Serpent il y a quelques années de ça, je trouve que cet acteur sait prendre des risques et se mettre en danger. Cette fois il décide de passer enfin dernière la caméra afin de mettre en scène son tout premier film, co-écrit avec son actuelle épouse Lilou Fogli, qui joue également un rôle dans ce folie. Inspiré du vécu de Lilou Fogli quand elle était dans une chambre de bonne parisienne, l’idée de Un Peu, Beaucoup, Aveuglément tient donc de quelque chose de réel mais pour que le film puisse prendre une vraie dimension romantique, beaucoup de poésie et d’humour ont été ajouté. Le résultat est tout de même assez étonnant mais pas toujours dans le bon sens du terme. En effet, le film se déroule en grande partie à huis clos et si de ce point de vue là ce n’est pas problématique, mais c’est l’utilisation de ce huis clos qui laisse parfois un peu à désirer. Je me demande si au fond ce n’est pas dû au fait que Clovis Cornillac a décidé de ne pas tourner ses scènes en même temps que les autres tout simplement car il ne voulait pas être un acteur/réalisateur mais un réalisateur pour ses acteurs. C’est louable et la direction d’acteur est solide mais cela manque d’un peu de liant tout ça.
Lui est inventeur de casse-têtes. Investi corps et âme dans son travail, il ne peut se concentrer que dans le silence. Elle est une pianiste accomplie et ne peut vivre sans musique. Elle doit préparer un concours qui pourrait changer sa vie. Ils vont devoir cohabiter sans se voir...
Et pourtant, l’histoire ne part pas d’une mauvaise intention. Bien au contraire, on retrouve un peu de beaucoup de gimmicks de certaines comédies, à la fois françaises et américaines. Le côté guilleret et poli fait peut-être un peu flancher le film et ennui légèrement le spectateur. C’est en tout cas ce que j’ai ressenti durant certains moments, de profonds moments d’ennuis car l’histoire ne va nulle part et préfère alors enchaîner les scènes de piano (il y a bien l’audition qui à la fin m’a mis les larmes aux yeux, mais uniquement pour la beauté de la musique classique à laquelle je suis très sensible et souvent à laquelle je réagis avec émotions). Je ne sais pas trop si ce que veut cette comédie c’est être une comédie romantique ou une comédie simplette qui ne va pas chercher midi à quatorze heures. Il y a énormément de choses dans ce film, pas toujours les meilleures de choses et c’est là où justement le bas blesse. On retrouve les défauts de certaines comédies qui, par manque cruel de moyens, n’arrivent donc pas à aller où elles veulent réellement aller. Pourtant, le principe même de Un Peu, Beaucoup, Aveuglément ne demande pas beaucoup de moyens et c’est d’ailleurs probablement ce qui a dû plaire aux producteurs et au distributeur.
Mélanie Bernier est toute gentille comme tout. Trop inoffensive et guimauve pour moi. J’adore cette actrice et son rôle lui va comme un gant mais par moment cette naïveté dont le film se rempli devient ennuyeuse. Heureusement que le casting n’est pas inexpressif. Clovis Cornillac fait du Clovis Cornillac en pleine forme. On retrouve alors son côté bougon qui lui va comme un gant. Et le film a beau ne pas être exceptionnel, il y a aussi de quoi nous donner faim (je me demande si Clovis Cornillac n’a pas été influencé par son expérience sur Chefs sur France 2 pour introduire autant de notions de gastronomie et de vin dans son film). Quoi qu’il en soit, pour une première mise en scène c’est assez frais, éclairé et pimpant. C’est bien moins déprimant que le scénario en lui-même qui manque de fluidité et donne à certains moments l’impression que l’on s’ennuie terriblement. Ce n’est de toute façon que partie remise, Clovis Cornillac n’est peut-être pas un as pour mettre en scène un film mais il y a de jolies séquences, très classiques, mais on sent qu’il sait ce que c’est que d’être derrière une caméra ce qui lui donne un véritable avantage pour organiser ses personnages sur le plateau et mettre en scène l’histoire que sa femme, Lilou Fogli, a voulu raconté.
Note : 4/10. En bref, une comédie inoffensive à la guimauve prépondérante. C’est mignon et joli comme tout mais on s’ennuie terriblement.