Pour présenter ce nouvel artiste, je passerai rapidement sur son pseudo, Cap Phi, car pour lui " un patronyme, un blaze, un pseudo ça n'est pas important ". D'ailleurs dans la rue il ne signe jamais ses oeuvres. Sa signature ce sont ses petits monstres.
Cap Phi est issu d'une culture prolétaire où la visite d'une musée est exceptionnelle et où les galeries d'art n'existent pas. Son éducation à l'art s'est donc faite au quotidien et en autodidacte. Mais pour cela soit possible, il faut que l'art soit accessible à tous. Et quoi de plus accessible que la rue ? C'est pourquoi il colle toujours ses dessins à hauteur d'homme afin qu'ils soient visibles par tous, adultes comme enfants.
Cap Phi a toujours aimé la rue. Il l'a découverte par la pratique du skate. Grace à cette pratique il a le sentiment de mieux appréhender l'espace urbain avec une sensation de bien-être. Il redevient un espace à part entière. Il y a une vingtaine d'années il s'installe à la Croix-Rousse et lors de ses déplacements il remarque la présence de dessins sur les murs. Très vite les déplacements deviennent un jeu. Il organise même des " chasses photographiques " avec son fils aîné.
Puis un jour il se dit que lui aussi a des choses à dire. D'observateur il devient acteur. Il lui faut alors dépasser ses propres contradictions, en particulier avec ses enfants, car le streetart c'est braver l'interdit. Il s'approprie alors l'espace urbain pour y déposer ses petits monstres. Pour lui le streetart permet de ralentir un peu le rythme effréné de l'espace urbain. Dans la rue le passant marche toujours à vive allure. Avec ses dessins il l'arrête pendant quelques secondes, le temps qu'il faut pour les regarder et, bien souvent, les prendre en photo. Ainsi les gens réapprennent à déambuler dans la ville avec plaisir. Cap Phi " aime que la rue le surprenne et il a envie de partager cet amour de l'espace urbain en tant que lieu de vie ". Il ajoute que c'est son " petit côté méditerranéen "...
Travailler dans la rue lui a apporté un équilibre entre sa vie professionnelle et son violon d'Ingres, le dessin. Infographiste cartographe il travaille professionnellement sur l'urbain. Ainsi le jour il dessine la ville à travers une carte et la nuit il " l'habille de couleurs " avec le streetart. Les cartes qu'il réalise pour le boulot sont infographiées, il est alors dans le virtuel avec son ordinateur. Alors avec ses monstres il a besoin d'utiliser de la matière et de vraies couleurs. Il travaille pour gagner sa vie et ainsi vivre son art sans contraintes financières.
Avant de vous montrer son " bestiaires ", je vais vous présenter ses petits monstres en quelques mots. Amateur de mangas et papa de deux enfants, il a imaginé des monstres rigolos. Avec le temps ils deviennent un peu moins " mignons " et un peu plus menaçants. Ils sont évolués avec les enfants qui grandissaient. Lorsqu'il les crée il prend toujours soin de les rendre le plus expressif possible car ces créatures sont réalisées pour marquer un instant, leur durée de vie dans la rue étant très courte. Elles doivent donc accrocher le regard très vite et provoquer une émotion (qu'il espère positive!). Il cherche donc toujours à donner à ses monstres une expression qui fera passer un message ou illustrera une humeur du moment.
Cap Phi fait tout ça sans prétention, simplement pour le plaisir du partage. En collant ses dessins sur les murs de Lyon il se dit qu'il offre un petit trésor que les passants découvriront par hasard et il espère que ça les fera sourire... mais déjà tout ça ne lui appartient plus...
Au petit jeu de la conclusion musicale, Cap Phi nous fait découvrir " Imagine " superbement repris par le groupe A Perfect Circle.