Il m’a dit : « Cette nuit, j’ai rêvé. J’avais ta chevelure autour de mon cou.
J’avais tes cheveux comme un collier noir autour de ma nuque et sur ma poitrine.
« Je les caressais, et c’étaient les miens ; et nous étions liés pour toujours ainsi,
par la même chevelure la bouche sur la bouche, ainsi que deux lauriers
n’ont souvent qu’une racine.
« Et peu à peu, il m’a semblé, tant nos membres étaient confondus,
que je devenais toi-même ou que tu entrais en moi comme mon songe. »
Quand il eut achevé, il mit doucement ses mains sur mes épaules,
et il me regarda d’un regard si tendre, que je baissai les yeux avec un frisson.
Pierre Louÿs