Il y avait sept ans déjà que Francesco Panizzi, un sexagénaire d’origine napolitaine vivait à Venise comme intendant dans une famille patricienne. Dans cet intervalle de temps, il s’était fait connaître comme un homme au tempérament tempétueux, fier et résolun qui s’était plusieurs vanté de crimes commis de ses propres mains.
Il avait maintenu une relation amoureuse avec une prostituée qui habitait dans la calle delle Locande, à San Paterniano, Angela Gagiola.
Dans la soirée du 12 janvier 1571, avec un autre ami, ils allèrent manger à l’osteria del Selvatico dont ils partirent à huit heures. L’auberge de l’Uomo Selvaggio ou du sauvage date du XIVème siècle, et était connu comme un lieu de rencontre pour des amours passagères comme on peut en déduire du quatrain de Dotti :
Se riesce a queste lamie
D’allettar qualche mal pratico
A commetter mille infamie
Lo conducono al Selvatico.
Puis, Panizzi proposa à Angela Gagiola, vêtue d’une cape claire bordée d’argent, d’aller, masqués, au Ridotto. Ils quittèrent l’établissement vers une heure du matin, et Panizzi proposa à la femme de terminer la nuit ensemble. Il la conduisit alors dans la maison de son patron, le patricien Pietro Marcello, procurateur de saint-Marc, où ils arrivèrent vers deux heures du matin.
Francesco Panizzi sortait seul, le lendemain matin, de la maison de son maître. Il se rendit alors dans la maison d’une certain Allegri, chez qui il avait l’habitude de dormir. Après avoir astucieusement défait le lit, il essaya d’aller vendre le manteau de couleur claire, garni d’argent, qui fut reconnu, par la suite, comme étant celui que portait Angela Gagiola la veille au soir.
Cela fait, il prit une gondole pour se rendre sur les Zattere.
Là, il négocia une gondole à quatre rames pour Dolo, mais, une fois parti, il négocia avec les rameurs pour qu’ils l’emmènent jusqu’à Ferrare. Pendant le voyage, il était préoccupé à soigner trois coupures qu’il avait aux mains.
Pendant ce temps, sa disparition avait été constatée à Venise.
Pietro Marcello (qui était le fils de Girolamo et de Chiara Civran, né en 1989, marié à Chiara Duodo, élu Procuratore di S. Marco de supra en 1716) avait remarqué la disparition de quelques pièces d’argent. Il avait également trouvé dans une pièce, une serviette maculée de sang. On retrouva également des traces de sang dans la maison d’Allegri, et porte et fenêtres d’Angela demeuraient closes.
Trouvant ces faits suspects, les agents de la justice pénétrèrent de force dans la maison de la courtisane, et la trouvèrent assassinée ainsi qu’une servante. Ils trouvèrent également, jetée à terre, une chemise trempée de sang qui s’avéra, plus tard, être celle de Panizzi. Ils constatèrent qu’il n’y avait plus aucun objet de valeur, et tout les bijoux, dont on savait la courtisane abondamment pourvue, avaient disparus.
Ces indices concordants permettaient au Consiglio dei Quaranta al criminale de citer Panizzi avec une proclamation du 28 janvier 1751, que, n’étant pas réapparu, il était banni pour les trente prochains jours des territoires de la République, et qu’un prime était promise pour qui aiderait à son arrestation.
Un des bateliers qui l’avait conduit à Ferrare, le rencontra quelques jours plus tard à Pise où il fut arrêté. La République demanda son extradition. Le 7 avril 1751, l’assassin était conduit à Venise et enfermé en prison.
Après avoir tout avoué pour obtenir la dispense des tourments de la torture, il fut décapité le 22 avril 1751, en face de la Tour de l’Horloge avant que son corps ne soit écartelé et coupé en quatre, puis exposé à des crochets, selon la coutume qui prévalait à Venise à cette époque.
Source : Raspe Vol. XCV (page 205), et Registri dei Giustiziati.