Nous avons eu un premier bébé « parfait ». Sommeil, pleurs, alimentation, tout se passait idéalement, même les dents ! Pour bébé 2, c’est plus compliqué…
Ah, cette Miniloute… Longtemps désirée, rêvée, imaginée, cette deuxième princesse a également été (et est encore) trop comparée à sa grande soeur. Nous sommes les premiers à faire cette erreur, et c’est le cas de nombreux parents, je pense.
Il faut dire que Liloute nous a très mal habitués… Si les trois premiers mois ont été un enfer (merci le RGO), quand j’ai repris le travail et laissé miss S. a super nounou numéro 1, que nous sommes passé au lait de riz épaissi au magic mix et à 10 mg d’inexium : MAGIE ! Un bébé rêvé, idéal, que toutes mes copines m’enviaient. Et moi je ne réalisais pas ma chance…
C’est bien simple : Liloute faisait 2 à 3 longues siestes par jour, souriait tout le temps, riait énormément, dormait 12 h par nuit, sans réveil, à part pour les dents de temps en temps… Notre assistante maternelle nous chantait chaque jour ses louanges, quel bonheur c’était de garder ce bébé sourire, qui ne râlait jamais, se laissait emmener partout, dormait dès qu’on la posait…. Et mangeait avec appétit tout ce qu’on lui préparait ! C’est d’ailleurs elle qui a lâché le mot en premier : « bébé parfait ».
Du coup, jusqu’à ses deux ans (parce que oui, il fallait bien que ça se complique, hein, maintenant ma Liloute elle a son propre caractère !) on a vécu une vie de parents plutôt tranquille, en dehors du boulot à 100 à l’heure. On ne comprenait pas les parents qui se plaignaient ni leur fatigue. Une part de moi savait qu’on avait de la chance, quand même, mais refusait d’y penser. Car, quand j’ai voulu un second bébé, impossible d’envisager qu’il ne serait pas aussi « parfait »…
J’avais bien peur qu’elle aie un RGO, mais je me disais qu’on la traiterait tout de suite et qu’elle deviendrait un bébé tout sage tout calme, comme sa soeur une fois guérie… HAHAHAHA !
La suite, vous la connaissez, RGO patho, oesophagite, éviction dès l’arrêt de l’allaitement (trop tôt, d’ailleurs, l’arrêt), les urgences qui deviennent notre résidence secondaire et le cabinet de la pédiatre notre annexe principale… Et un bébé qui hurle, hurle, tout le temps, ne dort pas, ou très peu, donne l’impression de ne jamais être bien (et c’était surement le cas).
Et puis le temps passe. Bébé va mieux, progressivement, très doucement. Mais ne peut pas être posée, pleure toujours beaucoup, dort toujours peu. Elle sourit de plus en plus, rit même, mais pour moi, ça ne va pas. Où est mon bébé rêvé, mon bébé parfait ? J’en serais presque à crier « Remboursée ! » si je ne l’aimais pas déjà autant…
Et on se met à coller des étiquettes :
Bébé RGO : la plus évidente, la seule qui soit vraie.
BABI : Bébé Aux Besoins Intenses, parce qu’elle ne pleure jamais, elle HURLE. Parce que le moindre petit couac la fait hurler, le moindre besoin doit être rempli TOUT DE SUITE. Parce que LES BRAS LES BRAS LES BRAS, mais pas collée je n’aime pas ça. Parce que soudainement l’écharpe compresse trop, serre trop, enferme trop. Parce que ce qui marche un jour est une cata le lendemain… Parce que je suis épuisée et je ne comprends pas pourquoi.
Bébé compliqué, bébé exigeant, petite dormeuse, enquiquineuse (et oui…), casse bonbons (oui, je censure volontairement, je ne vis pas au pays des Bisounours)
Comme si une étiquette allait tout arranger !
Et si, au delà du bébé gonflant, épuisant, malade, sous traitement, il y avait juste un bébé ? Vous savez, un bébé normal qui pleure beaucoup parce que les bébés pleurent, qu’ils ne peuvent communiquer que comme ça ? Un bébé qui sourit beaucoup, rit de plus en plus, aime voir du monde (Miniloute est capable de rester une journée sans pleurer ou presque quand on est en sortie…), ce que je ne semble pas voir? Et si j’arrêtais de focaliser sur ce qui n’est pas parfait chez mon bébé, pire, chez moi, en tant que maman ? Parce que c’est bien de là que ça vient, au final, de mon envie de maternité parfaite, de zéro défaut, d’utopie parentale…
Alors qu’en fait, il n’y a qu’une étiquette pour Miniloute : son prénom. Sa personnalité unique, ce qui fait d’elle mon bébé et pas un autre, ce petit être charmeur et câlin qui me fait fondre en un clin d’oeil…
Au fil des mois, même si l’attachement a été immédiat, j’apprends à connaitre et surtout aimer Miniloute pour ce qu’elle est. A 8 mois et demi, elle est le bébé qui me fait chavirer à chaque sourire, chaque « maman », chaque nouvel exploit. Ce bébé dont je suis éperdument dingue d’amour, en entier, pas que des bons côtés.
Parce que de toute façon, c’est pareil pour moi… L’amour inconditionnel qu’ont les enfants pour nous, on l’a aussi pour eux.
Alors oui c’est dur, oui il y a des jours où je claquerais bien la porte (pour revenir en larmes 2 minutes après), oui souvent je me dis que j’aimerais bosser (et laisser mon bébé ? argh !), oui je crie, je râle, je dis des choses qui dépassent ma pensée… Mais au fond, je suis bien comme ça. Au fond, elle est ce bébé imparfait si parfaitement fait pour moi. Comme sa soeur. Quant à moi, je suis sa mère imparfaite, mais sa mère, et c’est tout ce qui compte pour elle.
La réciproque n’est elle pas évidente ?
Et en fait, je me rends compte que je n’aurais jamais aimé mon bébé rêvé, mon bébé parfait qui n’existe pas, autant que mon bébé que je tiens justement là dans mes bras (même si elle a mis une heure à s’endormir…)
Cet amour si parfait…
NB : Cet article a été finalisé suite à une discussion très intéressante avec Mélanie du blog Ahlescrocrocros sur les bébés RGO et le fait de devoir faire le deuil du bébé imaginé et rêvé pour accepter un bébé tel qu’il est, même si il ne dort pas, pleure beaucoup, ne ressemble en rien aux nouveaux nés dans les publicités (ou chez la voisine !)…Ce billet, c’est un peu grâce à elle !