A l'époque ottomane, les élus qui franchissent les portes du grand sérail avaient l'interdiction formelle de s'aventurer dans les appartements du harem. A l'approche du lieu clos, jalousement gardé par ses anges noirs, les eunuques, le visiteur devait se voiler le visage et incliner la tête jusqu’à mi-corps.
Créatures insaisissables, les femmes du sultan sont de véritables énigmes pour l'imaginaire occidental et entretiennent le fantasme des peintres européens.
Dans cet excellent ouvrage, "Le harem des lumières", Emmanuelle Peyraube revient sur ces peintres voyageurs, qui, faut de pouvoir pénétrer les mystères du monde oriental, les réinventent à travers leur propre culture.
Les représentations de la femme ottomane de Jean Etienne Liotard, Antoine de Favray ou encore Jean-Baptiste Hilair semblent d'une telle authenticité qu'elles forgent pour longtemps l'image du harem.
A l'inverse, les "turqueries" renvoient à un univers de fantaisie, tour à tour théâtral avec le peintre Antonio Guardi ou plus galant comme chez Fragonard et Boucher.
Ainsi ce livre parcourt-il les différentes images de la femme orientale au XVIIIème siècle. L'odalisque à la peau satinée, aux formes délicates, parée d'or et de jaspe serait-elle un mirage?