Ce livre date de 2010, mais la version numérique est parue aujourd’hui, c’est donc l’occasion idéale pour ressortir ce billet des cartons mandragoresques et le remanier un brin.
Ce qu’en dit la 4e de couverture :
Une reine dont les yeux émeraudes lisent l’avenir…
Un enfant-roi, passablement fou, gardien d’un savoir oublié…
Du déroulement de leur partie d’échecs pourrait bien se décider l’issue de la guerre…
Entre les derniers royaumes libres et les forces d’invasion de l’Empire d’Asreth se dresse l’imprenable Qhmarr, petit pays à peine sorti de l’ère médiévale. Gouverné par un roi trop jeune et un conseiller trop confiant, il ne devrait représenter dans le plan de conquête de l’Empire qu’une note de bas de page.
Et alors que le généralissime D’Eolus Vasteth s’emploie à négocier les modalités d’une reddition diplomatique, déjà, aux portes de la capitale, se presse l’implacable armada… La conclusion du conflit ne fait aucun doute. D’une manière ou d’une autre, Qhmarr passera sous pavillon asrien.
Pourtant, malgré la défaite annoncée, Vasteth découvre des dirigeants qhmarri inflexibles, prêts à confier le destin de leur nation à d’absurdes croyances ancestrales. A travers le défi lancé par l’enfant-roi, ce sont toutes les certitudes du généralissime qui vont se voir ébranlées, tandis que, sur la mer, les soldats meurent, simples pions sur un échiquier qui les dépasse…
Mon avis :
La Volonté du dragon raconte l’affrontement entre deux belligérants, l’un immense, l’autre minuscule, le tout narré de façon inhabituelle, car on trouve peu de récits où la bataille en est le centre, au lieu d’être un simple événement d’action.
L’autre originalité du récit réside dans l’affrontement en lui-même. En complément des manœuvres de bataille habituelles, les adversaires s’affrontent aussi au moyen d’un jeu comparable à celui des échecs. On alterne donc entre des scènes de bataille et des scènes de « jeu ».
Deux batailles parallèles très intéressantes à lire, car au-delà du style épique, c’est toute une réflexion qui se développe sur la guerre, la diplomatie, les pertes humaines et les modes de vie. L’analogie entre la guerre et le jeu y est poussée jusqu’au bout et nous fait réfléchir sur les conséquences de mauvaises décisions prises par des dirigeants J’ai également apprécié que ce récit ne comporte pas un « gentil » et un « méchant », ce qui permet vraiment de développer ces réflexions d’une manière intéressante et se démarquant de batailles plus classiques en fantasy.
En ce qui concerne les personnages, ce sont les membres d’équipage du Volonté-du-Dragon qui portent la dimension affective de l’histoire et en peu de pages on apprend à les connaître et à les apprécier. En bonus, on trouve un très bon personnage féminin haut placé dans la hiérarchie militaire, ce qui fait plaisir à voir.
Pour tous ceux qui sont rebutés par les littératures de l’imaginaire, ne les estimant pas assez sérieuses, La Volonté du Dragon est exactement le livre qu’il vous faut car en déplaçant le conflit dans le monde imaginaire d’Evanégyre, l’auteur peut ainsi parler et réfléchir sur la guerre en s’affranchissant de la réalité historique. Le style est à l’image de cette réflexion, plutôt sérieux et recherché.
En conclusion, je recommande cet ouvrage à tous les amateurs de récits de batailles et de réflexion sur le sujet, puis de prolonger votre découverte de l’univers d’Evanégyre par la lecture de la Route de la Conquête (dont il faudra que je vous parle un de ces jours). Pour ma part, j’attends avec impatience la parution de Port d’Âmes !
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