Voici donc la mesure phare de la Ministre de la santé : Le Tiers payant généralisé : Une mesure qui est présentée comme sociale, et c’est avec des trémolos dans la voix que la Ministre nous explique qu’avant sa loi des millions de français n’allaient pas voir leur médecin, faute de moyens. On se pince. On mesure à quel point cette ministre est déconnectée de ce que vivent des millions d’entre nous. Ce n’est pas une attaque contre sa personne : On peut être une grande bourgeoise et avoir une vraie fibre sociale. Mais cela ne semble pas être son cas. Car sinon, elle aurait su que l’urgence, ce n’était pas la généralisation du Tiers payant, mais bien l’accès à tous, y compris aux plus pauvres aux prothèses optiques – lunettes, verres de contact-, aux prothèses auditives, aux prothèses dentaires. Une couronne ? Un implant dentaire ? 500, 1000 euros, et la sécu n’en rembourse que 75, 100 euros … Résultat : De plus en plus de français deviennent des sans dents qui bouffent des analgésiques pour ne pas souffrir, et qui bouffent des compotes par peur des souffrances de leur absence de dents saines.L’arrogance idéologique de Marisol Touraine face à ceux qui lui objectaient que sa réforme n’était pas la priorité avait quelque chose de choquant. A-t-elle passé quelques heures dans les salles d’attente des hôpitaux publics ? Elle se serait rendue compte que, fort heureusement, tout le monde, quelque soit son origine, son statut, même sans papier, est soigné. Et c’est très bien. Et c’est tout à notre honneur. Notre pays ne ressemble pas aux séries américaines où l’on demande au malade arrivant aux urgences s’il a une assurance avant de l’ausculter !Théoriquement, sur le papier, la généralisation du Tiers payant paraît « social ». Mais dans les faits, il a deux effets pervers :Il va compliquer le travail de milliers de médecins généralistes qui vont passer l’essentiel de leur temps à faire de l’administratif, au lieu du soin et de l’écoute de leurs patients. En Allemagne, par exemple, le patient est d’abord reçu par une assistante, qui s’occupe de l’administratif et lorsque le médecin vous ausculte enfin, chacun de ses actes est soigneusement notée selon une nomenclature qui nous paraîtrait insupportable : « Tirez la langue : 2 points. Dîtes : Ah ! 3 points. Toussez : 5 points » Est-ce cela que nous voulons ?Sans parler de l’effet pervers de la carte vitale, une formidable avancée, certes, mais qui a comme conséquence de déconnecter la médecine de son coût. La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût. Et quand nous allons dans une pharmacie avec une ordonnance longue comme le bras et que nous demandons avec notre carte vitale : « Combien je vous dois ? « Et que le réponse est : « Rien ! ». Alors que l’ensemble du traitement coûte en fait des centaines d’euros, cela nous déresponsabilise. La carte vitale devient une sorte de carte de crédit sauf que le crédit, ce seront les médecins qui l’avanceront à leurs patients et à la Sécu. Ce ne sont pas les « mandarins », les grands profs de médecine qui sont vent debout contre cette loi : Ils s’en fichent, ils sont pleins aux as, et de toute façon font payer à leurs clients, pardon à leurs patients, des tarifs de stars. Non, ceux qui vont souffrir, ce sont les médecins de proximité, les généralistes qui ont peur, à juste titre, de passer plus de temps en paperasserie qu’en examen médical…La vraie réforme sociale, cela aurait été d’abord de simplifier l’accès à la CMU et la CMU complémentaire à tous ceux qui y ont droit. Les procédures de contrôles sont tellement compliquées qu’elles supposent d’être bac + 5 !La vraie mesure sociale aurait été de s’attaquer à l’accès aux soins dentaires ou optiques, qui sont en France deux à trois plus chers que dans les autres pays européens. Mais pour savoir cela, il aurait fallu avoir dans son entourage des « sans dent ». Ce qui n’est manifestement pas le cas des grands bourgeois qui nous gouvernent.Nous vivons un e-poque formidable.