20 ans d'assistanat du patronat, ça donne ça :
Voilà qui est plutôt risible (mais jaune, alors, hein...) de constater ce qui suit dans ce pays où le discours dominant consiste à prétendre que nos entreprises seraient étranglées par les impôts et taxes en tous genres. Et qu'il s'agirait de libérer les énergies, dé-corseter les réglementations et alléger le code du travail, ou autres billevesées néo-libérales habituelles qui se réaliseraient au seul bénéfice des plus nantis, et au plus clair détriment des salariés précarisés à outrance. Alors que le Medef et ses alliés libéraux de droite comme d'une certaine " gauche " ne ratent jamais une occasion justement de se plaindre du poids des salaires dans leurs comptes d'exploitation (sic), la Cour des Comptes vient quant à elle de critiquer " l'empilement des dispositifs successifs visant à réduire le coût du travail ". Bien qu'il ait été amplifié par le CICE et le pacte de compétitivité, le phénomène n'est pourtant pas nouveau. En 2006, un rapport de la même Cour des comptes dénonçait déjà ces allègements de cotisations patronales en soulignant qu'ils bénéficiaient, pour l'essentiel, à des activités tertiaires, notamment la grande distribution, où " les exonérations de charge sur les bas salaires n'ont pas impacté significativement la politique de recrutement ". On est donc en droit de s'étonner que ledit empilement d'allègements de cotisations qui représentait pas moins de 27,8 Md€ en 2007, soit 1,5 % du PIB (source : Cour des Comptes, ici), et qui doit être encore plus important aujourd'hui pour que la Cour des Comptes éprouve de nouveau le besoin de tirer la sonnette d'alarme, soit pourtant si peu évalué publiquement, qualitativement. Il pèse pourtant d'un poids significatif sur les finances publiques, et le manque à gagner pour les ressources de nos caisses de sécurité sociale, pour seul exemple, est suffisamment important pour qu'on parle de cette manne pour des intérêts privés qui se soucient si peu de la cause nationale que devrait être la lutte contre le chômage. Surtout quand dans le même temps nos dirigeants ne se gênent jamais quant à eux pour stigmatiser les assistés sociaux que nous serions ... Aidés en cela par des économistes assez atterrants et des médiacrates formés à la même école néo-libérale exclusive. Deux poids, deux mesures... Exigeons des comptes de nos élus à ce sujet, plutôt que de nous battre en vaines querelles sur le sexe des anges. Les 1 % sont en train de gagner la guerre, et alors que ce seul point évoqué ici serait un très bon argument pour asseoir, sinon une révolution, du moins une révolte populaire, nous restons là, les bras croisés, à attendre que le petit train train des stratégies politiques de bas étage trace sa route dans la poussière de nos illusions perdues .
Un autre monde, un plus équilibré, est certainement possible.