"Abracadabra, le mensonge a disparu !"
La
décision que vient de prendre le procureur auprès de la Cour de
Cassation de se désister de l'accusation dont il avait été saisi
par son collègue de la Cour d'Appel, Germán Moldes, contre la
Présidente Cristina Kirchner et les autres incriminés par le défunt Alberto Nisman
met fin à ce procès saugrenu et qui aura fait un mal considérable
à la réputation de l'Argentine dans l'opinion publique mondiale,
qui a heureusement dans ce cas la mémoire courte.
En
effet, si le procureur se désiste, la Cour de Cassation en peut que
constater qu'elle n'a plus à se prononcer et l'arrêt de non lieu
prononcé par la Cour d'Appel deviendra définitif. Sauf à contester
la validité du retrait du procureur, ce qui est un fait rarissime et
aurait beaucoup de mal à être soutenu dans le cas présent. German
Moldes avait annoncé qu'il monterait jusqu'à la Cour Suprême si la
Cour de Cassation confirmait le non lieu, mais la situation est
différente et il n'est plus possible de monter jusqu'à la Cour
Suprême.
"Un procureur kirchneriste congèle la cause ouverte par Nisman"
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Or le procureur désigné pour soutenir la cause auprès de la Cour de Cassation, Javier De Luca, est membre d'une organisation professionnelle de gauche, Justicia Legitima, proche des ONG des droits de l'Homme et favorable à la politique judiciaire du présent gouvernement, qui poursuit les criminels de la Dictature militaire. La droite hurle donc au déni de justice, accusant le procureur d'avoir pris une décision partisane sans que jamais il n'y ait eu la moindre enquête sur les faits incriminés (or les faits incriminés ne reposent sur aucune matérialité ni aucun commencement d'action répréhensible, comme l'ont argumenté le juge d'instruction Daniel Rafecas puis la Cour d'Appel, elle-même composée de juges peu susceptibles de soutenir ce Gouvernement et surtout pas d'une manière partisane, aveugle et malhonnête).
"Il n'y a pas eu de délit", titre La Prensa
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Sentant venir la chose, la mère du procureur défunt, Sara Garfunkel (1), est allée hier faire sa petite manifestation, avec une poignée d'amis, devant le palais de justice de Buenos Aires pour marquer les trois mois de la mort de son fils en exigeant de la Cour Suprême qu'elle veille à maintenir ouverte la cause pénale contre la Présidente. Les photos de presse comme les articles dans les journaux de droite montrent à quel point elle ne dispose plus de beaucoup de soutiens, même dans les secteurs réactionnaires et conservateurs les plus sectaires (autour d'elle, il n'y avait que cinq personnalités publiques, dont le caractère partisan ultra-réactionnaire n'échappe à personne, et parmi lesquelles il n'y avait plus de représentant du monde judiciaire).
"Clôture polémique de la cause ouverte contre la Présidente par Nisman"
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Malheureusement, la Présidente a donné du grain à moudre à ses opposants en prenant parti dès dimanche contre la DAIA, reprenant à son compte les dénonciations d'un ancien Directeur exécutif de la confédération des organisations juives dans les pages de Página/12. Elle aurait mieux fait de garder le silence et de laisser couler : la vérité ne va pas tarder à éclater au grand jour. D'autant que Elisa Carrió, un leader déconsidéré de l'opposition, qui oscille en permanence entre un centre très mou et une droite très dure, montre à nouveau des signes de délire mystico-politique : elle crie à qui veut l'entendre qu'elle est menacée de mort [par le Gouvernement] et qu'elle sait comment Alberto Nisman a été tué (elle est hostile à la thèse du suicide, de plus en plus patente), qu'elle va démontrer urbi et orbi la culpabilité de la présidente dans ces faits et qu'elle ne craint pas le Gouvernement mais Dieu lui seul !
Pour en savoir plus : en français, vous pouvez cliquer sur le mot-clé Affaire Nisman dans le blog Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus dans la presse argentine : lire l'article principal de Página/12 sur le désistement de De Luca lire le rappel historique du déroulé de l'affaire, toujours dans Página/12 lire l'analyse des deux juristes Raúl Zaffaroni et León Arslanian, dans Página/12 lire l'article de Página/12 sur le démenti de la DAIA lire l'article de Clarín sur la décision du procureur lire l'article sur les déclarations de Elisa Carrió, sur Clarín lire le micro-entrefilet, toujours de Clarín, sur la manifestation solitaire de Sara Garfunkel, la très sulfureuse mère de Alberto Nisman et ses très polémiques soutiens, le rabbin et député PRO (macriste) et bling-bling Sergio Bergman ou le journaliste hargneux et sentencieux Nelson Castro qui déverse sa haine et son mépris contre la présidente tous les soirs sur la chaîne privée TN (et pourtant Castro est donc un salarié du groupe Clarín) lire l'article de Clarín sur les démentis de la DAIA contre les propos tenus dans Página/12 (voir mon article de dimanche), repris sans retenue et à contretemps par la Présidente Cristina Kirchner, qui est convaincue que la démarche de Nisman contre elle correspond à une tentative de coup d'Etat de la part de la magistrature (qui reprendrait la cause que l'Armée a délaissée) lire l'article de La Nación sur le désistement du procureur De Luca, où la rédaction tâche de se faire une raison et d'afficher une attitude respectueuse de la justice (à comparer avec l'article beaucoup plus hargneux publié hier en fin de journée, immédiatement après la publication de la décision de justice) lire l'entrefilet de La Nación sur la manifestation de Sara Garfunkel et ses soutiens lire l'article de La Nación sur le contentieux entre la Casa Rosada et la DAIA lire l'article de La Prensa sur le désistement de Javier De Luca lire l'article de La Prensa sur les déclarations de Elisa Carrió lire l'entrefilet de La Prensa sur la tentative de Sara Garfunkel de relancer l'accusation contre la Présidente auprès de la Cour suprême.
(1) Sara Garfunkel a été entendue par la justice dans le cadre de l'enquête secondaire autour de la mort de son fils et elle a reconnu être la titulaire d'un compte bancaire en commun avec sa fille et un salarié de son fils, compte non déclaré et ouvert à l'étranger, et en avoir eu connaissance bien avant la mort de son fils. Ces aveux ont entraîné une perquisition à son domicile et on y a trouvé une arme à feu détenue illégalement, qui aurait appartenu à son fils du temps où après son divorce il était retourné vivre chez maman. Et il en aurait oublié l'existence au point de demander à son garde du corps et à son informaticien de lui prêter la leur de toute urgence l'avant-veille de sa mort ?