Magazine Musique

Tyler, the Creator « Cherry Bomb » @@@½

Publié le 14 avril 2015 par Sagittariushh @SagittariusHH
tyler cherry bomb alt cover - Hip-Hop/Rap

Tyler, the Creator « Cherry Bomb » @@@½

Laisser un commentaire

Tyler s’était montré particulièrement discret sur Twitter depuis le début de l’année, peut-être qu’il nous prépare un truc se disait-on. Tout juste ! Une semaine après la sortie surprise d’Earl Sweatshirt, le leader des Odd Future nous fait le même plan du « je sors mon album Cherry Bomb la semaine prochaine les mecs ». BOOM !

Et ça démarre par un gros burn-out avec « DEATH CAMP » et ses riffs punk-rock vintage fortement inspiré des Stooges (le groupe d’Iggy Pop). Sur cet instru énervé Tyler explique qu’il a « named this album ‘Cherry Bomb’ because ‘Greatest Hits’ was boring ». D’accord, l’argument est validé. L’atmosphère rock saturé revient par alternance sur « Pilot » et sur-sature au max sur « CHERRY BOMB« . JE M’ENTENDS PLUS PENSER TELLEMENT LES AIGUILLES PENCHENT A FOND DANS LE ROUGE. Les enceintes vont souffrir avant notre ouïe. Et ces notes de synthés technoïdes aïe aïe aïe. Ce tonitruant début de Cherry Bomb est un foutoir tellement monstrueux que plusieurs titres passent en retrait comme « BUFFALO » et « RUN« . Heureusement que des morceaux comme le magique « FLY YOUR WINGS » et « BLOW MY LOAD » (« bois mon sperme », NdT) jaillissent à travers les carreaux d’un sous-sol sale et bordélique.

A mi-parcours, un détail d’importance saute aux yeux par son absence : il n’y a aucun autre membre des Odd Future de crédité sur cet album. Toutefois on entend les chœurs (<3) de Syd the Kyd qui agissent sur notre âme comme de la morphine, sa voix est très présente, tout comme l’influence très marquée des Neptunes. « ‘In Search Of…’ did more to me than ‘Illmatic' » le dit Tyler sur « DEATH CAMP » et ça ne fait aucun doute que  la discographie des NERD a marqué son enfance pour la vie, ça on le sait tous et ça s’entend très perceptiblement, mais plus qu’avant. En l’état, Tyler crée des productions malpropres des Neptunes, des instrus qu’il a peut-être pu rêver de concevoir. Mais le résultat n’est pas aussi léché que Wolf qui reste la référence pour le moment, j’y reviendrai plus bas. Pas de membre des Odd Future, encore moins de posse-cut, mais un nombre incroyable de collaborations, et là aussi faut affiner le sens auditif, ou alors lire simplement sur son compte Twitter pour récupérer des infos à la source. Par exemple sur « KEEP DA O’S » faut vraiment le deviner en tendant l’oreille (passablement bousillée par « Cherry Bomb » quelques morceaux plus tôt) pour entendre que c’est son idole Pharrell qui pousse des « oh » au loin. C’est plus facile à trouver le couplet de Kanye West, dont Tyler est un grand fan aussi, sur « SMUCKERS » ainsi que le dialogue rap avec Lil Wayne sur la seconde partie jazzy du morceau. Oui, les extra-hype Yeezy et Weezy sur une même track. Schoolboy Q est le seul autre rappeur à figurer sur ce disque, sur le titre « THE BROWN STAINS OF DARKEESE LATIFAH PART 6-12 (REMIX)« . On entend aussi la voix de Charlie Wilson sur « FUCKING YOUNG/PERFECT » (excellent double-morceau ceci dit), monsieur Leon Ware sur « OKAGA, CA« , la révélation Kali Uchis… et des musiciens, de renom, tels que Dam-Funk, qui pose une ligne de clavier à la fin du morceau « BLOW MY LOAD« , et le grand Roy Ayers qui joue du xylophone sur « FLY YOUR WINGS« . Tyler voulait Thundercat et Stevie Wonder sur ce titre mais ça n’a pas pu être possible. Pour l’anecdote, une des chansons (laquelle exactement, je ne sais plus) a été enregistrée dans les studios du compositeur de musiques de film Hans Zimmer.

Comme je le disais plus haut, Cherry Bomb n’est pas aussi bien travaillé que Wolf. Evidemment, l’aspect brouillon et grossier, les sons faits à l’arrache des instrus de Tyler the Creator sont sa marque de fabrique, sauf qu’on y décèle au fil des écoutes un goût d’inachevé, de bouclé à la va-vite. On joue sur les nuances de mots, je suis d’accord mais j’espère que vous comprendrez. Puis l’album s’essoufle sur les deux derniers titres. Mais Tyler a des éclairs de génie sur certaines portions et le choix des collaborateurs en atteste. Le paradoxe de Cherry Bomb est que c’est plus un album de producteur que de rappeur, Tyler s’étant éloigné du micro plus qu’à son habitude. C’est dommage parce que j’adore son flow dégueulé et son romantisme dérangeant et immature sur « FUCKING YOUNG/PERFECT« , où il tombe amoureux d’une mineure, ou ses mots d’amour sur « BLOW MY LOAD » qui finit par des bruits de succions, des fois que vous n’auriez pas saisi toute la subtilité des textes. Avec les écoutes Cherry Bomb finit par être apprécié à sa juste valeur, c’est bête qu’il ait bâclé quelques trucs ou pas assez fignolé plusieurs morceaux.


Retour à La Une de Logo Paperblog