Au nom du cerf, aux éditions du Perron, est un beau livre de photographies animalières, écrit par Philippe Moës et Gérard Jadoul
Animés d’une passion commune pour la forêt et le cerf, Philippe Moës et Gérard Jadoul ont consacré à cet animal une énergie considérable depuis plusieurs dizaines d’années. Leur goût de la photographie et de l’écriture aboutit aujourd’hui à un regard croisé novateur, ancré dans la réalité de terrain. (source : éditions du Perron)
Philippe Moës
Apprendre la photographie animalièreGérard Jadoul
Apprendre la photographie animalièreC’est donc un livre écrit et photographié à quatre mains que je vais vous présenter. Dans le monde de l’édition, ça n’est pas exceptionnel mais dans celui de la photo animalière, ça l’est déjà plus. D’autres l’ont déjà fait, comme Hellio et Van Ingen, avec succès. D’autres encore, se partagent les tâches : le photographe apporte ses images et l’écrivain complète avec ses textes. Ce type de duo est fréquent, je pense notamment à Au fil des Songes de Vincent Munier avec des textes de CharElie Couture ou encore à A l’affût de Michel d’Oultremont épaulé par Paul Hermant pour les textes.
Mais une parfaite collaboration, transparente, comme celle du livre Au nom du cerf est assez rare pour être soulignée. D’ailleurs, ce qui est d’autant plus étonnant dans cette coopération, c’est la relative pauvreté du nombre d’affûts vécus en commun : à peine dix ! Rapporté au nombre d’heures d’observations passées d’un coté par Philippe et de l’autre par Gérard, plusieurs milliers, c’est très peu ! Alors pourquoi cette envie de fusionner en un seul ouvrage le résultat de tant d’années d’activité ? La réponse est simple et tient en un seul mot : la passion.
La passion du cerf qui habite les deux auteurs depuis 20 ans pour l’un (Philippe Moës) et 40 ans pour l’autre (Gérard Jadoul). Mais il ne suffit pas, vous vous en doutez, d’aimer la même chose, pour avoir envie d’en faire un livre. Il en faut plus. Même vision, même points de vue, je dirais presque … même conception de la photo animalière. Et surtout, j’imagine, des atomes crochus, qui font qu’on a envie de passer des heures et des heures avec la même personne sur un projet un peu fou.
Pourquoi j’accorde autant d’importance au tandem qui a écrit Au nom du cerf ? Parce que c’est le déclenchement d’un livre d’un genre nouveau. D’un livre qui fera date, et pour son contenu, et aussi pour son approche. Seuls, chacun de leur coté, ni Philippe Moës, ni Gérard Jadoul n’auraient sans doute eu les armes pour écrire un livre pareil. Un travail d’équipe, (deux c’est déjà une équipe non ? ) bien mené, vous emmène dans des terrains dont vous ne soupçonniez pas l’existence au départ.
Je suis certain que les deux auteurs ne savaient pas vraiment où ils allaient au début de leur collaboration. Pourtant, d’emblée, les deux photographes se sont mis d’accord pour accoucher d’un livre très ambitieux. Ils se sont imposés des critères assez dantesques. Morceaux choisis :
- L’ouvrage ne pouvait pas être un simple album. Il devait transpirer notre approche esthétique mais aussi naturaliste.
- Les illustrations devaient être fortes, variées, éthiquement irréprochables (…)
- Les textes, quant ) eux, devaient être non polémiques, apaisés, mais néanmoins parfois hors des sentiers battus de la commune pensée (…)
Vous le voyez, la barre était mise très haut ! Perso, si un jour un éditeur vient vers moi et me dit « Régis, on vous édite à des conditions exceptionnelles, par contre, vous aurez les mêmes contraintes que Moës et Jadoul ! ». Je crois que je dirais non …
J’espère qu’à travers cette petite introduction vous prenez peu à peu conscience que Au nom du cerf est un livre photo vraiment pas comme les autres.
Une structure inédite
Le cerf … le brame du cerf … le roi des forêts … histoires de cerfs … autour du cerf … je n’ose même pas faire une liste exhaustive du nombre d’ouvrages produits sur cet animal emblématique. La première des difficultés pour les auteurs a dû être de ne pas faire comme les autres. Ne pas refaire ce que d’autres ont déjà fait, et même parfois très bien fait. Même si, évidement, les images sont différentes des livres existants puisque venant de leurs photothèques, quelle difficulté de ne pas tomber dans le piège du « déjà vu ».
C’est pourquoi (et c’est là que le travail d’équipe peut faire des miracles) Philippe et Gérard ont eu la riche idée de diviser leur ouvrage en trois grandes parties :
- partie 1 : une sélection des plus belles images des deux auteurs
- partie 2 : une approche naturaliste et scientifique
- partie 3 : des textes profonds, philosophiques, sur la relation entre l’homme et le cerf.
Je dois souligner que ces trois parties ne sont pas des chapitres. Je veux dire que l’organisation du livre n’est pas partie 1 puis partie 2 puis partie 3. Non. Ces trois volets sont mélangés. Je vous arrête tout de suite, oui, vous, qui pensez que ça doit être un peu le bazar ! Bien sur que non. Ce ne sont pas des flash-backs à la Claude Lelouch. C’est tout le contraire, les enchainements entre les photos, les textes de réflexion et les parties naturalistes sont logiques, naturels.
Partie 1 : l’approche artistique
On me demande parfois comme je fais pour avoir le temps d’écrire deux articles par semaine, faire des sorties photos, répondre aux mails, m’occuper des membres de ma formation, et accessoirement, vivre ma vie de famille :-). C’est simple : je ne regarde pas la télé. Donc, j’ai en gros 3 heures de plus à occuper que la plupart des français autrement que devant la télé (En 2010, en France métropolitaine, la télévision reste l’écran le plus regardé, avec une moyenne de trois heures par jour, source INSEE). Je le dis sans aucun sentiment de supériorité. Je ne dis pas que c’est mieux ou moins bien. C’est un constat, un fait. Le temps que passent beaucoup de gens devant des séries TV par exemple, et bien je le passe à écrire des articles, notamment.
Et ceux qui dépensent ces 3 heures devant leur petit écran (quoi qu’ils ne sont plus petits du tout !) disent souvent que c’est pour se vider le cerveau. Pour se délasser après une journée de travail. Pour ne penser à rien. De mon coté, j’ai moi aussi besoin de me vider le cerveau de temps à autre dans la journée. Exit la télé et ses émissions donc. Remplacée par, souvent, des belles photos d’animaux sauvages. Sur l’ordinateur avec le site que j’avais testé ici ou avec ma collection de beaux livres. Je pioche ce qui me tombe sous la main.
Les belles photos de Au nom du cerf remplissent largement cette fonction détente. Regarder les photographies de cerf, de paysages, de biches, d’ambiance proposées par le livre est un régal.
Comme le dit Fabrice Cahez dans la préface du livre, je suis plus attiré par les carnivores. L’aspect félin de ces animaux mangeurs d’autres animaux me fascine. Je n’ai pas le même attrait pour les cervidés par exemple. Ça me touche moins. Et pourtant, Au nom du cerf réussit à me faire rester de longues minutes sur des portraits pleine page. Tiens, ce gros plan page 104. Fascinant. Justement. Prenez ce contre-jour à la lumière tombée d’une biche page 105. Ou encore, ma préférée je crois, la photo de deux cerfs, cote à cote, admirant un paysage.
Les amateurs de photos artistiques, esthétiques, sources d’émotion et se prêtant à la contemplation en auront pour leur argent. Peut-être même que la télé dans certains foyers pourra rester éteinte plus longtemps qu’à l’accoutumée.
J’allais oublier de vous parler de l’objet livre. Un grand format carré de 29cm x 29cm mettant en valeur les photos. Certaines sont en pleine page et là, ça en jette ! 180 pages richement illustrées. C’est un très bel objet qui aura toute sa place dans votre bibliothèque.
Partie 2 : l’approche naturaliste
Vous allez dire que je suis un éternel insatisfait (ce qui est peut-être vrai !). Oui, j’aime beaucoup les beaux livres photos. Mais je crois que je préfère encore plus les livres naturalistes. Non, pas le Guide Delachaux et Niestlé des mammifères d’Europe occidentale. Celui-là, je l’ai pour les informations d’observations. Ceux que j’aime particulièrement sont les livres naturalistes d’anecdotes, de vie sauvage racontée, d’informations rigolotes et cocasses à lire (mais vraies bien entendue !). Il y en a un que j’ai eu entre les mains récemment, que j’ai beaucoup aimé, et qui, pour moi, représente le type même du sommet du bouquin naturaliste, c’est Les animaux en bord de chemin de Marc Giraud. Un régal à lire, le plaisir d’apprendre.
Les pages du livre Au nom du cerf consacrées à cet aspect de la nature m’ont autant captivées que les quelques pages que j’ai pu lire de livre de Marc Giraud. Et surtout, les auteurs ont eu une idée de génie : celle de raconter des histoires. Des histoires de cerfs, authentiques, ayant existé, ou vivant encore.
La série Vie d’un cerf est un régal à lire. On apprend que Cuirasso attendra sept ans avant de pouvoir prendre le contrôle d’un territoire. Ou que Tristan deviendra le premier cerf équipé d’un émetteur GPS. Ou encore que Pavarotti possède un organe vocal à faire fuir ses opposants !
Et à chaque fois … que c’est bien raconté ! Des histoires ponctuées d’anecdotes, il n’y a que ça de vrai pour faire aimer la nature au plus grand nombre. Marc Giraud l’a bien compris. Philippe Moës et Gérard Jadoul aussi.
Partie 3 : l’approche philosophique.
C’est dommage qu’un tel mot fasse toujours un peu peur ! Des mauvais souvenirs des cours de terminale ? Une mauvaise note au bac ? On ne devrait pas avoir cette réticence pour ce mot. Car tout compte fait, il s’agit juste d’une démarche de réflexion sur un sujet donné. Non, ça n’est pas que plancher pendant 4 heures sur L’art peut-il se passer de règles ? (sujet du bac 20110 série S ). C’est aussi réfléchir tranquillement, essayer sans se prendre trop la tête de répondre à des questions que tout le monde se pose.
Quelle est la place que tient le cerf dans la vie des hommes ? Comment cette relation a-t-elle évoluée ? Pourquoi le rapport homme-cerf s’est-il rapidement transformé en chasseur-gibier ? Comment mieux appréhender la gestion et la cohabitation des hommes avec le cerfs ? Mieux faire connaitre le cerf auprès du grand public sans dérangement est-il possible ?
Je vous promets que c’est passionnant. Entre nous, ce livre, et ces lectures philosophiques m’ont révélé que le cerf tient une place aussi importante que le loup ou le renard dans notre inconscient collectif. Le roi de forêts n’est pas un titre donné à la volée. Il le mérite largement.
Les auteurs de ce livre sont des artistes aux multiples talents. Mais deux sautent ici aux yeux. Celui de photographe, bien sur. Mais aussi celui de conteur. Avez-vous déjà essayé de raconter une histoire ? Ordonner les mots de telle sorte que celui qui les lit ne puisse pas s’arrêter un est art. Philippe et Gérard ont réussi ce tour de force. Chapeau.
Est-ce que j’ai aimé ce livre ? OUI !! Est-ce que je vous le recommande ? OUI !!
Où acheter le livre ?
Le livre est disponible sur le site de l’éditeur Perron. Pour l’acheter, cliquez ici.
- Collection : Hors collection
- Format : 29 x 29 cm
- Pages : 180
- Prix : 40 €
Le livre Au nom du cerf à gagner !
C’est maintenant une habitude sur le blog. Dès que je teste un livre, je vous propose de tenter de le gagner. C’est donc un chouette cadeau que je vous propose là. Un livre de cette qualité sera parfait chez vous j’en suis sûr !
Tiens au passage, je remercie les Editions du Perron pour l’envoi gratuit de l’exemplaire que j’ai eu à lire. C’est celui-ci que l’heureux gagnant recevra.
Comment faire ? C’est simple. Il suffit de répondre (juste, tant qu’à faire ) à la question suivante dans l’espace des commentaires :
- Quel est le nombre d’animaux présents sur la dernière photo tout en bas de la page internet sur le site de l’éditeur ? (cliquez ici pour voir cette page)
Si vous êtes plusieurs à répondre juste, alors je tirerai au sort le commentaire gagnant avec le site randomizer.org.
Le tirage au sort aura lieu le vendredi 24 avril à 12h00.
TRÈS IMPORTANT : vous ne verrez pas apparaître votre commentaire … c’est normal ! Rassurez-vous, il est bien enregistré dans la base de données mais pour éviter que vous ne vous copiez les uns sur les autres … je ne le fais pas apparaître tout de suite. Hé hé hé, que croyez-vous, vous avez à faire à un instituteur rodé aux meilleurs techniques de pompages.