Qui sont les gens qui nous dirigent et que font-ils ? Sophie Coignard et Romain Gubert, L’oligarchie des incapables, J’ai lu, 2013.
Nous sommes « dominés » par une toute petite
caste. Une curieuse combinaison d’une poignée d’inspecteurs des finances,
généralement diplômés d’HEC, et, peut-être plus surprenant, de voyous. Ce monde,
qui n’a pas de couleur politique, est fasciné par l’argent. Nicolas Sarkozy en
est « le symptôme », pas la cause. Stéphane Richard, l’actuel PDG d’Orange,
lui, est son idéal. Il a gagné 30m€ dans une opération financière. Curieusement,
Mitterrand serait à l’origine de cette passion de l’argent. Il en a donné
beaucoup à ceux dont il a nationalisé les entreprises. Il les a libérés d’un
outil industriel poussif pour leur ouvrir le monde de la finance-casino.
Cette caste appartient à la
nouvelle classe des hyper-riches internationaux. Elle partage même sa haine
du pauvre, ou "paresseux". Elle a muselé la justice, dont elle a très peur,
acheté la presse. La Caisse des Dépôts finance les projets de ses
copains. Les partenariats publics privés distribuent l’argent public au privé,
par milliards (cf. les autoroutes). Et la mode du nucléaire pourrait s’expliquer
par les rétrocommissions. Les partis touchent une part du prix des projets
internationaux dans lesquels les entreprises françaises sont engagées. Or, il y
en a de moins en moins. On a cru que le nucléaire serait un nouveau Far West.
Cependant, la France a peut-être une particularité. C’est le
« déshonneur ». Cette caste
n’a pas eu à conquérir le pouvoir. On le lui a donné. Pour servir les intérêts
du pays. Elle a trahi sa mission. C’est un phénomène récurrent dans l’histoire
française. L’élite se corrompt, exploite le pays, le conduit à la ruine, ce qui
provoque une révolution. Et c’est reparti pour un tour.
(Et, ce qui est quelque peu ennuyeux, le livre laisse entendre qu'en y mettant les formes il est assez facile de l'acheter, y compris lorsque l'on est étranger.)