Mine de rien
Je ne me contente pas d'exister...
Je résiste
Et je ne fais que résister au principe de réalité.
Je suis irréaliste
Je ne crois pas ce que je vois
Je vois ce qui ne se voit pas.
Ce n'est pas mon bon plaisir que j'oppose à la réalité
Mais l'idée.
Une certaine idée... l'idée de l'Amour par exemple
Les tentations sont réelles je le sais, mais...
J'y résiste parce que je suis irréaliste.
À l'amour facile, celui d'Éros...
J'oppose Thanatos, une certaine envie de mourir
À l'amour difficile, celui de Philia
Que l'on assimile à l'amitié...
Je préfère encore Aléthéia, la vérité solitaire.
La vraie solitude à la plus belle sollicitude.
À l'amour impossible, celui d'Agapè
Que l'on traduit par charité...
Je fuis tous les bras qui se tendent
Et me réfugie dans la maison de Dieu.
Irréaliste parce que je serais incapable de vous dire
En quoi elle consiste.
Tout ce que je crois savoir c'est que j'y habite.
Si je peux la décrire ?
Oui mais sans vous la prescrire pour autant...
Parce que je ne vous cacherais pas
Que j'aimerais bien y demeurer seule, toute seule
Sans proximité, ni promiscuité.
Sans personne à voir
Sans rien devoir à personne.
Comment la décrire ?
C'est une maison sans porte, ni fenêtre
Pas de cloison, ni de toit au dessus de la tête
Ceux qui y entrent en sortent sans s'apercevoir qu'ils y sont passés.
C'est ce qui explique peut-être pourquoi cette maison reste inhabitée...
Inhabituelle pour le commun des mortels.
Je suis la seule à l'occuper
À l'air libre, libre comme l'air
Avec le ciel comme parquet
Et la lune comme oreiller...
Vous me direz : comment je sais qu'il s'agit bel et bien de la maison de Dieu ?
C'est l'évidence même
Puisque c'est moi qui l'ai construite...