La Méditerranée n'est plus une aire de beauté et de farniente. Elle est plutôt devenue un sordide gouffre, un cimetière à ciel pour tant visages. Comme ceux qui ont fait ce week-end la une des gazettes et suscité tant d'émoi et de tristesse. Leur tragédie offre un éclairage saisissant sur l'aujourd'hui de la condition humaine.
Car ces hommes et ces femmes qui partent à l'assaut de cette immense mer bleutée en utilisant des embarcations de fortune pilotées par de cyniques passeurs afin d'assouvir un rêve ardent, un projet d'eldorado, ne le font pas par gaîté de cœur. Ils sont les pauvres victimes issues des géopolitiques ébranlées, à feu et à sang, des territoires défigurés par la pauvreté.
Tant que les pays dont ils sont originaires ne seront pas stabilisés politiquement et économiquement, il y aura toujours un afflux de migrants aux portes de l'Europe. Une Europe qui doit maintenant se montrer plus efficace et plus volontariste pour la résolution de cet épineux et douloureux problème. Pas en faisant uniquement le jeu des sous-traitances avec certains Etats de l'Afrique du Nord, d'où transitent la plupart de ces personnes ou en accroissant les moyens de Frontex mais en s'engageant résolument dans le co-développement et le co-investissement et en s'impliquant dans la démocratisation et la pacification de ces géographies à tensions.
C'est là où résident fondamentalement les réponses à ce qui nous étreint.
Guillaume Camara