Lors de la conférence de presse de ce 16 avril 2015, Thierry Frémaux s’en est pris à la pratique des selfies qu’il trouve ridicule et grotesque. Il avait mis en avant le fait que cette pratique ralentissait les montées des marches et provoquait un problème de timing.
Les organisateurs du Festival de Cannes auraient même eu l’idée d’interdire les selfies sur les célèbres marches ! Finalement, les invités seront uniquement priés de limiter cette pratique.
Le problème, pour ma part, n’est pas le timing mais est une question d’argent. Comme je l’indique dans mon livre L’Abécédaire du Norfolk, paru en juin dernier aux Éditions Lamiroy, la pratique des selfies rend le travail des photographes professionnels qui se trouvent au pied des marches totalement inutile !
Un média préfèrera offrir aux fans de la star un cliché pris par la vedette elle-même qu’il aura trouvé gratuitement sur les réseaux sociaux que de payer une photographie professionnelle… qui, de plus, sera pratiquement identique à celle du photographe agglutiné à ses côtés sur le tapis rouge ! Je n’utiliserais donc pas les mots « ridicule » et « grotesque » mais plutôt « authentique » et « gratuit ».
Il est donc temps de réagir. Thierry Frémaux a tout à fait raison s’il veut sauver une profession et surtout une pratique vieille de 68 ans.
Sachez que, déjà aujourd’hui, ce n’est plus le photographe qui choisit LE cliché parmi les centaines pris lors d’une montée des marches. Son appareil est directement raccordé par cable vers un ordinateur derrière lequel une personne (non photographe professionnel peut-être) sélectionne immédiatement la photographie qui sera publiée.
L’autre souci, Monsieur Frémaux, est donc le temps. Si l’évolution technologique a fait émerger les selfies, elles a, également, réduit le temps d’obsolescence d’une information. Malheureusement car elle ne permet plus aux journalistes comme aux photographes de travailler correctement.