Titre original : Buena Vista Social Club
Note:
Origines : Angleterre/Cuba/États-Unis/France/Allemagne
Réalisateur : Wim Wenders
Distribution : Compay Segundo, Eliades Ochoa, Ry Cooder, Joachim Cooder, Ibrahim Ferrer, Omara Portuondo…
Genre : Musical/Documentaire
Date de sortie : 14 juin 1999
Le Pitch :
Sur les conseils de son ami et collaborateur Ry Cooder, Wim Wenders part pour La Havane afin d’aller à la rencontre des membres d’un groupe de musique traditionnelle cubaine, le Buena Vista Social Club…
La Critique :
Wim Wenders est l’un des cinéastes les plus prolifiques de notre temps. Figure emblématique du renouveau du cinéma allemand dans les années 60/70, il a enchaîné les films emblématiques comme Paris-Texas, Les Ailes du Désir, Jusqu’au bout du monde… Son œuvre fictionnelle est dense, riche et élégante, mais sa filmographie compte également nombre de documentaires.
Buena Vista Social Club est justement du nombre. À l’origine du film, il y a un projet assez fou : faire collaborer des musiciens cubains et éthiopiens sur un projet commun. Malheureusement, les éthiopiens ne purent quitter l’Afrique et seuls les cubains purent enregistrer leur airs traditionnels. Formant le collectif donnant son nom au film, ils enregistrent un album avec l’aide de Ry Cooder, guitariste légendaire et compositeur des B.O. de certains films de Wenders, et entreprennent une tournée triomphale à travers le monde. Tout ceci se passe en 1996-97. En 1998, Cooder rempile en emmène son pote Wim avec lui, histoire de documenter la suite des événements.
Dire qu’il a bien fait est un doux euphémisme tant Buena Vista Social Club est une perle. On découvre un groupe de musiciens tous plus passionnés les uns que les autres, de vrais maîtres dans leur discipline. Tant et si bien que l’âge semble ne pas avoir d’emprise sur eux (certains ont dépassé les 90 ans au moment tournage). Leurs regards emplis de vie et d’une malice toute juvénile valent à eux seuls le visionnage du film. Ibrahim Ferrer, Compay Segundo et leurs amis semblent hors du temps et de l’espace, parfaitement intégrés au monde qui est le leur, à savoir la sublime ville de La Havane.
Loin des cartes postales pour touristes, Wenders nous dévoile l’essence de la capitale cubaine. On connaissait sa capacité singulière à capter l’âme des lieux qu’il traverse avec sa caméra, mais on est toujours impressionné par la folle élégance avec laquelle il s’attarde sur les coins de rues, sur les petits détails qui rendent les lieux visités uniques. On voit donc tous ces joyeux bonhommes dans leur vie quotidienne, bercée par la musique latine de leurs ancêtres. On peut parler de quête tant retrouver ces musiciens n’est pas évident par moment. Mais l’équipe fait des miracles et prend vite le chemin des studios. Le processus d’enregistrement de l’album est merveilleusement bien illustré dans ses difficultés et son côté bricole. Puis vient la tournée…qui voit les paysans cubains faire le tour de salles prestigieuses pour partager leur chaleur et leur humanité touchante.
Le film parle autant de la musique que de la vie en général, les musiciens racontant leur carrière, leurs galères et leurs réussites. Il est autant une leçon de vie que de musique. Empli de bonnes vibrations jusqu’à la gueule, il est, à mon sens, un vrai archétype du feel good movie. Le genre de film qui nous fait sourire de bout en bout devant cette assemblée improbable d’éternels jeunes hommes pleins de gouaille et de grâce.
Si vous déprimez et recherchez un peu de chaleur, mettez ce film dans votre lecteur et partez en voyage.
@ Sacha Lopez