Des questions encore sans réponses à propos du contrat du Rafale en Inde
Publié le 20 avril 2015 par ToulousewebC'est un peu comme un lendemain de fęte, on se réveille avec la gueule de bois . La commande faite ŕ Paris par le premier ministre indien, Naranda Modi, de 36 avions Rafale a fait l'effet d'une surprise considérable dans les milieux aéronautiques français et européens. La presse française et occidentale a plutôt exprimé sa satisfaction de voir l'avion Ť maudit ť obtenir une 2č contrat ŕ l'export, cela 2 mois aprčs la commande égyptienne.
Mais la presse indienne qui est, semble-t-il, trčs libre s'est déchaînée contre ce contrat. 2 thčmes sont en général abordés : l'Inde a capitulé devant la France et pourquoi l'Inde a-t-elle abandonné le principe du Ť make in India ť qui était la référence du gouvernement Modi. Et donc, conséquence en Inde il ne fait aucun doute que cette vente des 36 avions sur étagčre signifie la fin de l'autre discussion engagée par Dassault depuis 3 ans pour la fourniture de 126 appareils dont 118 auraient été construits en Inde.
Pour un spécialiste du Center for Policy Research de Delhi, le gouvernement indien a pris une position diaboliquement stupide qui revient ŕ torpiller la politique du Ť make in India ť. L’Inde est devenu du coup, peut-on encore lire, le plus gros importateur d'armes du monde. Dans le Business Standard, le chroniqueur de la rubrique défense estime que les Français ont été récompensés par leur obstination en obtenant exactement ce qu'ils voulaient : une commande d'avions entičrement construits en France sans transferts de technologie. Enfin, un membre éminent du BJP, le parti du premier ministre, affirme que l'achat des 36 Rafale est entaché de corruption et qu'il est pręt ŕ saisir les tribunaux pour la faire annuler.
Nous avons voulu interroger Dassault sur ces 2 points. Mais Dassault fidčle ŕ sa tradition ne commente pas. Nous avons néanmoins trouvé une personne proche du dossier comme on dit qui a bien voulu nous donner quelques pistes de réflexion.
Balayons d'abord le chapitre corruption. Il ressort ŕ chaque vente d'armes, c'est classique et n'importe qui peut lancer cette rumeur. Il est plus important de savoir si la vente des 36 Rafale annule l'autre contrat des 126 appareils. Apparemment oui dit-on ŕ New Delhi. Du côté français, on veut croire que la négociation va se poursuivre sans toutefois en ętre complčtement sűr. "Attendons le retour de Modi dans son pays" explique notre source. Ce contrat indien est loin d'ętre complet. Il reste beaucoup de choses ŕ écrire et cela prendra du temps, estime encore notre interlocuteur.
Dommage en effet que cela prenne du temps puisque c'est le ministre indien de la défense lui-męme qui avait obtenu une négociation de gré ŕ gré avec la France. Une négociation qui doit rassembler 2 éléments importants : l'urgence et le côté stratégique de l'opération. Les premiers Rafale aux couleurs indiennes arriveront-ils en Inde dans les 2 ans ou 2 ans et demi ? C'est probable. Les forces pakistanaises et chinoises, cibles officiellement désignées par l'Inde, ont quelques temps de répit. Mais il faut savoir aussi que construire un Rafale sous licence chez HAL aurait pris presque 3 fois plus de temps que de le construire en France compte tenu de l'inexpérience des employés indiens et de la grande complexité technologique du Rafale.
On retiendra que ce contrat est bel et bien signé et que désormais 1 Rafale sur 4 est exporté contre 0 il y a encore 2 mois. Chez Dassault on traite d'abord le contrat égyptien et on prépare une remontée en cadence de la chaîne de montage ŕ Bordeaux-Mérignac.
Quant ŕ savoir si les 2 contrats ont accéléré les discussions avec les autres candidats ŕ l'achat des Rafale, on n'est pas plus disert chez Dassault et l'on cite bien volontiers les propos du président Trapier selon lesquels ces 2 contrats d'export vont faire boule de neige. En tout cas, les spécialistes aéronautiques, qu'ils soient français ou indiens, estiment que l'Inde ne peut se contenter de 36 avions. Ce qui laisse d'immenses espoirs pour la suite !
La chronique AeroMorning.com de Gérard Jouany