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Vivre le printemps

Par Gentlemanw
Vivre le printemps

Copyrights photos Matt FOXX Photographer

Vivre le printemps

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Comment ne pas imaginer un instant plus léger que par le geste du vent dans ma robe souple, soulevé par ce simple souffle !

Et puis moi, épuisée, écrasée dans mon lit. Inerte.

Epuisée ou fatiguée me direz-vous, même pas. Juste dénuée de toute vie dans mon ensemble, un corps perdu car aspiré par une âme devenue trop lourde, tombée au fond de moi. Je me suis auto-engloutie, le cerveau lourd des démarches pour ne pas trouver de boulot, les remarques toujours "délicates" de mes proches pour me rappeler qu'il faut bosser, qu'il y a du boulot, des boulots non remplis, des postes vacants. Cette saturation totale face à ce poids, des téléphones qui ne répondent pas, des messages par dizaines, des lettres de motivations par centaines, des CV revus et corrigés dans plusieurs versions, des offres et des demandes si proches de nous, des postes impossibles, des moutons à huit pattes, des excuses nébuleuses mais surtout du silence profond et permanent.

Pas de boulot, Rien.

Je suis dans mon canapé et les seuls signes de vie ici, sont le vent dans ma robe, et cet ordinateur, vieux et démodé, qui fonctionne heureusement encore, mais avec aucun retour, du silence. Je peux comprendre les entreprises avec si peu d'emplois, si peu de marges de manoeuvres face aux taxes et aux gouvernants aveugles et sourds, inaptes à la moindre décision, à la moindre écoute, pire encore à la réelle connaissance du monde des entreprises, surtout des PME. Je suis lasse, assommée, emportée dans une vrille noire intérieure.

Vivre le printemps

Copyrights photos Matt FOXX Photographer

Vivre le printemps

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Alors je prends des médicaments, ma seule source de vide sans pensée, des tuyaux pour me rendre plus légère. Pour ne plus sentir ce poids, énorme, sur mes frêles épaules. Oui sous les fines bretelles de cette robe de printemps, un corps et dedans un doute profond, une sensation d'inutilité permanente, la semaine comme le week-end. Je ne suis rien dans une société qui parle tant de tout.

J'ai coupé les médias, la télévision, je l'ai revendu pour manger, la table et les chaises aussi, il reste un frigo, un canapé, un lien internet, moi, des cartons avec mes fringues, les derniers.

Une enveloppe charnelle, belle, fine, sans esprit, remplie uniquement de sentiments troubles, de remords, de questions par milliers, de réponses en attente. Je me relâche, je voudrais planer, juste assez pour ne plus penser, pour ne plus avoir des images qui reviennent sur mon incompétence à être une salariée. Un simple statut.

Et pourtant j'ai des diplômes, des expériences, mais il n y a plus d'emploi. Alors je me suis diversifier, les petits jobs de quelques heures à quelques jours, des repas et un toit, juste mon seul objectif de trentenaire, pas brillant. Un résidu de vie, des doutes encore, moi.

Au sol, des médicaments, des tubes vides, des messages sur l'écran, je pars, je m'envole, je ne pense plus à rien. Je m'évade. Plus de questions, plus de vide, plus de rien, pas de réponses. Juste un dernier souffle de vie, de vent.

Je m'évapore.

Nylonement


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