Dans la peau de Monsieur Nkurunziza

Publié le 20 avril 2015 par Gaylussac

Qui suis-je?

Les férus de l’actualité africaine ont commencé à entendre parler de moi au début des années 2000. Quand le Burundi, mon pays vacillait encore sous le poids de la succession des massacres inter-ethniques. Mais mon activisme politique est beaucoup plus ancien.
En 1972, âgé d’à peine 8 ans, j’étais témoin de l’assassinat de mon père au cours d’une série de carnages ayant fait près de 100000 morts en moins de deux mois. Ah! si on pouvait savoir à quel point c’est terrible d’être privé de l’affection de son père à cet âge là.

Plutôt que de pleurnicher sur mon sort en attendant un improbable consolateur, j’ai su rebondir: j’ai fait des études au terme desquelles je suis devenu instituteur. Mais vers la décennie 90 j’ai été contraint de prendre le chemin du maquis étant donné la volonté du régime d’alors de me faire la peau.

Moi et le sport

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La pratique du sport est une seconde nature chez moi. Cela m’a valu le surnom de « black panther ». Au cours de mes jeunes années j’ai donné des cours de gymnastique à l’université. Devenu chef d’État il m’est déjà arrivé de jouer au football dans un stade où le président Paul Kagame était l’un des nombreux spectateurs.

Mon rapport à la religion

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Je dois une fière chandelle à Dieu pour n’avoir pas été tué sur un champ de bataille durant de mes années de lutte armée. Je me rappelle de la fois où j’ai été blessé au combat, convaincu que ma mort était proche. Dans sa miséricorde, Dieu m’a épargné.

Avec l’aide de mon épouse, j’ai intégré une église évangélique où je travaille avec zèle à l’édification de l’oeuvre divine. J’estime que la Providence m’a choisi à cet effet et m’a confié « les clés de mon pays » dans ce même ordre d’idée.

Ma conception du pouvoir

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Mon pouvoir émane donc de là haut. En l’exerçant je fais preuve à la fois de sévérité et de bonhomie. Les personnes qui se rendent notamment coupables d’incitation à l’insurrection ont toujours eu à affaire à moi. Tout comme les journalistes irrévérencieux. Mais quelques-uns  d’entre eux ont pu bénéficié de mon pardon: les journalistes Hassan Ruvakuki et Bob Rugurika ainsi que le militant Pierre Claver Mbonimpa en sont la preuve.

Moi et mon parti politique

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Je ne suis pas le fondateur du FDD/CNDD. Le parti avait deux ans d’âge quand je l’ai rejoint. Bénéficiant du coup de pouce d’un mentor, j’en ai pris la direction vers les années 2000. En cette qualité j’ai eu à discuter d’égal à égal avec la personne qui assumait les fonctions de chef d’État à cette époque là avant la signature des accords d’Arusha.

Quid du nombre des mandats?

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Notre constitution est pourtant clair à ce sujet: « Un chef d’État est élu pour un mandat de 5 ans au suffrage universel et renouvelable une fois ».
Si j’ai été élu en 2010 au suffrage universel, cela n’a pas été le cas en 2005. La période de transition politique venait de prendre fin quand des gens, prétendument élus lors d’élections législatives, m’ont désigné comme président.
De 2005 à 2010 j’ai été au pouvoir avec la nette impression d’être un usurpateur. Par conséquent, ce mandat là doit compter pour du beurre.