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Le Liban reçoit ses premières armes françaises payées par l'Arabie Saoudite.

Publié le 20 avril 2015 par Plusnet
Le Liban reçoit ses premières armes françaises payées par l'Arabie Saoudite. L'armée libanaise reçoit lundi une première livraison d'armes françaises, financées par un don saoudien de trois milliards de dollars (2,8 milliards d'euros), afin de mieux faire face à la menace jihadiste venant de Syrie.
Elle va réceptionner 48 missiles antichar Milan sur la base aérienne de Beyrouth lors d'une cérémonie à 09H30 (06H30 GMT) en présence des ministres français et libanais de la Défense, Jean-Yves Le Drian et Samir Mokbel.
Au total, 250 véhicules de combat ou de transport de troupes, sept hélicoptères Cougar, trois corvettes et de multiples équipements de reconnaissance, interception et communication viendront renouveler, d'ici le printemps 2019, des matériels notoirement obsolètes ou insuffisants.
La France et l'Arabie saoudite espèrent ainsi contribuer à la stabilité du Liban, qui reste fragilisé par 15 ans de guerre civile (1975-1990) et de fortes divisions confessionnelles, face aux incursions des jihadistes de l'organisation Etat islamique (EI) ou du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda.
Le Liban comme la Jordanie, où M. Le Drian s'est rendu samedi et dimanche, sont directement "affectés par le développement du terrorisme en Syrie et par un très grand afflux de réfugiés", souligne-t-on dans l'entourage du ministre. "Leurs appareils de sécurité nécessitent un appui extérieur".
L'Arabie saoudite, inquiète de la montée en puissance de l'Iran dans la région, entend aussi renforcer l'armée libanaise par rapport au Hezbollah, puissant mouvement armé chiite soutenu par Téhéran et qui combat les jihadistes au côté du régime de Damas.
A travers ce contrat franco-saoudien, "c'est une véritable transformation des forces armées libanaises qui doit s'engager" avec, outre la livraison d'équipements, un plan de formation de centaines d'officiers et sous-officiers pendant sept ans, explique-t-on au ministère français de la Défense.
L'armée libanaise (70.000 hommes) a déjà amorcé en partie sa mutation, aidée par des conseillers militaires américains et britanniques, relève Aram Nerguizian, expert au Centre d'études internationales et stratégiques (CSIS) de Washington.
"D'une force de police, elle est devenue une force militaire capable de défendre les frontières face à l'EI", note-t-il.
- 3.000 jihadistes aux frontières ? -
Les Etats-Unis lui ont fourni une assistance militaire de plus d'un milliard de dollars depuis 2006. En février, ils ont encore livré 72 canons M198 Howitzer et pour plus de 25 millions de dollars d'obus, de mortiers et munitions.
Mais l'armée libanaise a un besoin urgent de divers matériels, notamment d'hélicoptères pour transporter ses unités d'élite et gagner en mobilité, souligne l'ancien général Hisham Jaber, qui chiffre ses besoins globaux à dix milliards de dollars et déplore que les premiers Cougar ne seront livrés qu'à la fin 2017.
"On a besoin de temps pour fabriquer mais il y a sûrement des stocks d'armement neuf", lance-t-il, alors que Paris invoque des délais pour construire les appareils demandés.
En 2015, les équipements livrés - appareils de vision nocturne, véhicules blindés et légers, drones légers, moyens de déminage - seront prélevés sur les stocks de l'armée française.
Selon M. Jaber, 3.000 jihadistes sont basés à la frontière syro-libanaise, prêts à pénétrer dans la plaine de la Békaa. "Ils ne sont pas venus pour faire du tourisme ou du ski", souligne-t-il.
La liste des matériels livrés par la France a été arrêtée par l'état-major libanais, relève le ministère français de la Défense. Le Liban a ainsi renoncé au char Leclerc, jugé trop cher -il penche plutôt pour l'américain M1A1 (Abrams) - et à l'hélicoptère léger Gazelle, inadapté en haute altitude, selon M. Nerguizian.
Ces armes sont attendues avec d'autant plus d'impatience que les négociations avec Ryad ont commencé fin 2013. L'Arabie saoudite avait alors choisi la France comme partenaire en réaction au refus américain et britannique de s'impliquer militairement contre Bachar el-Assad, accusé d'utiliser des armes chimiques contre la rébellion, rappelle l'expert.
Le riche royaume pétrolier a aussi accordé à l'ancien Premier ministre libanais Saad Hariri un milliard de dollars pour soutenir l'armée libanaise. Mais cette transaction ne s'est pas encore concrétisée, selon M. Jaber.
Téhéran a également annoncé son intention de fournir des équipements mais cette proposition ne fait pas l'unanimité au sein du pouvoir libanais, divisé par le conflit syrien et sans chef de l'Etat depuis près d'un an.
Source : AFP

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