Chronique : « Belle-Île en père »
scénario de Patrick Weber, dessin de Nicoby
Public conseillé : Adultes
Style : Intimiste
Paru aux éditions « Vents d’Ouest », le 13 mars 2015, 144 pages, 18,50 euros
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L’Histoire
Anne a connu une ascension fulgurante ; star d’une série populaire à succès, égérie des tabloïds papiers et virtuels, elle décide cependant de suspendre sa carrière pour faire le point à Belle-Île en Mer. Mais le choix de ce lieu, sur lequel en d’autres temps une actrice au faît de sa gloire avait également jeté son dévolu, n’est certainement pas dû au hasard.
Ce que j’en pense
J’avoue ne pas avoir lu « Ouessantines », première collaboration de Weber et Nicoby. J’ai donc abordé « Belle-Île en père » avec le regard du marin découvrant une nouvelle terre : méfiance, prudence, circonspection tout d’abord. Le terrain était familier (couverture, pages, dessins, phylactères, …), le scénario accessible à mon esprit simple, le dessin sans fioritures, au trait hésitant entre ligne claire et croquis.
Rassuré par cette familiarité, je suis entré plus avant dans l’ouvrage, en quête de fraîcheur, de nouveauté, d’exotisme. Au détour d’une page blanche, alors que j’avançais affranchi de mes craintes initiales, je tombai dessus : une autre époque, d’autres personnages, une autre vision d’un métier, des gens, du monde.
L’exploration portait ses fruits : l’alternance des tranches de vie de deux actrices qu’un siècle sépare, la confrontation de leurs expériences si différentes, leur quête commune d’harmonie, sont autant de liens se tissant entre elle et avec l’île au fil des pages, du temps et des vagues. Certains fantômes du passé aideront à en chasser d’autres.
Belle-Île en père est à la fois une critique de certains travers de notre système trop rapide, trop superficiel, et un rappel de cette réalité qui est parfois tellement proche des séries populaires : le destin du père d’Anne, Don Juan de l’île, est une base idéale de scénario fleuve.
Sans tomber dans le mélo, l’ouvrage est d’une lecture prenante et agréable, les incursions dans le passé offrant même une fenêtre culturelle. Entre cancans de vieilles femmes remâchant leurs amours perdues et envolées lyriques d’une légende vivante, Belle-Île nous réserve bien des surprises.
Bon allez, je vais aller acheter « Ouessantines ».