Philippe Lepeut

Publié le 20 avril 2015 par Elisabeth1

Philippe Lepeut (site)
Listen to the Quiet Voice au

Musée d’Art moderne et contemporain
jusqu'au  31 octobre 2015

C'est une exposition  d'une grande diversité, poétique, inventive, intelligente,
qui demande que l'on s'y attarde, que l'on se pose, pour voir en détail,
la richesse de l'univers de l'artiste, qu'on prenne le temps d'écouter le bruit de vent,
(un autre monde, Le Messager) de la tempête, de l'orage en pénétrant dans les lieux mystérieux et que l'on visionne les vidéos dans l'espace aménagé par les étudiants de la HEAR.

Artiste mais aussi éditeur (pour le label Écart Production dont il est co-fondateur) et enseignant  (auprès de la Haute École des Arts du Rhin), Philippe Lepeut
(né en 1957 à Nantes) se présente volontiers sous la formule sibylline :
« Je suis nombreux ».
Il se définit comme un artiste "intermedia", dans une généalogie lointaine mais certaine avec Dick Higgins. Il ne pratique pas de médium en particulier, pour lui, l’art est une activité en général qui permet d’activer des principes réflexifs, des processus de fabrications et des errances qui favorisent l’intuition.
Pour ouvrir l'exposition il a choisi de se mettre en scène dans une situation qui donne immédiatement le ton à son propos, en proposant l'un de ses avatars (performeur sous le nom de DoomBrain) sous l'objectif de Simon Laveuve. Portrait savamment travaillé
entre référence historique (Joseph Beuys de la "Rivoluzione siamo noi")
et la pop culture (le fantôme de David Bowie période Heroes) a été pris au coeur de la Galerie d'Anatomie Comparée du Museum d'Histoire Naturelle, lieu fétiche de
l’artiste. Dans cette image qui se donne à lire comme une affiche de cinéma, tout est culte : le lieu, témoin d’une histoire millénaire, chargé d’histoire et de fantômes ainsi que les références, de l’artiste chaman à l’icône glam-rock. Faisant appel à la mémoire collective, Philippe Lepeut parvient à développer une oeuvre toute personnelle : c’est, en effet, son histoire qui est contenue dans cette photo : ses heures passées à arpenter le Museum étant enfant puis, plus tard, avec ses enfants ; sa curiosité pour les grands « passeurs » qui orienteront son art et son goût pour faire oeuvre différemment (via l’édition, l’enseignement) ; sa façon de bâtir son oeuvre à partir de ce qui a traversé les siècles, objets réels, reliques ou croyances, pour en tirer une nouvelle grâce qui trouve un écho avec notre époque.

Philippe Lepeut, Dante III, 2011 (n°1/5)

Il construit dans l’espace public, fait des vidéos aussi bien que des aquarelles, de la radiophonie et des œuvres sonores, de la photographie et l’écriture s’installe dans sa vie, dit-il. Il est aussi enseignant en école d’art depuis 1984, éditeur depuis 2003 et c’est important.
Nombreuses sont également les facettes de l’exposition qu’il propose pour le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg ; cet ancien pensionnaire de la Villa Médicis, épris de peinture qu’il pratique jusqu’en 1991, parvient en effet, au fil
des quelque quarante oeuvres présentées (photographies, vidéos, installations sonores),
à proposer au visiteur un voyage à travers les champs visuels et sonores qu’il investit depuis maintenant 30 ans.

Philippe Lepeut détail La Suite ouzbèque

Plus concerné par l’intermédia que par le multimédia, Philippe Lepeut, artiste esthète voire dandy, développe une oeuvre qui, via les ondes, les pixels ou tout simplement le trait, aspire à la beauté. Une aile de papillon, une météorite, les reflets d’un cristal taillé, une voix qui hurle ou qui chuchote, deviennent autant de points départ d’oeuvres qui brillent d’une grâce discrète, non spectaculaire, telle un secret révélé à mi-voix.


Cette voix basse, c’est la « Quiet Voice » que le titre de l’exposition nous
suggère d’écouter, c’est là l’une des cartes du jeu Obliques Strategies, sorte de Yi King contemporain crée en 1975 par des artistes (le musicien et producteur Brian Eno et le peintre Peter Schmidt) pour les artistes. Conseil ou injonction, c’est la pierre angulaire de l’exposition, le point de départ de ce projet qui rassemble des travaux allant de 1998 à aujourd’hui et dont la plupart sont présentés pour la première fois au public.

Philippe Lepeut, On Air, pierre de galène, coquillage, laiton, verre et système de diffusion intégré, collection de l'artiste, 2014-2015

À la façon d’un vaste cabinet de curiosités, l’artiste organise, dans les 600 m2
de la salle d’exposition, un parcours où le visiteur se voit invité à rencontrer
des « oeuvres-trésors » ; le matériel y côtoie l’immatériel, le coquillage voisine avec le bruit du vent, l’imposante pierre taillée abrite un réseau de câbles qui diffusent les fréquences.
Un espace interactif est également prévu au sein même de l’exposition ; agora à vocation artistique, c’est le lieu où Philippe Lepeut, l’artiste qui aimait les artistes, convie ses pairs pour une intervention (projection, performance ou discussion) en présence du public.

L’exposition donne également lieu à plusieurs événements musicaux et cinématographiques qui, tous, contribuent à cerner cet artiste de l’oblique, auteur compositeur d’une poésie plastique qui oscille entre classicisme et nouvelles technologies.

Commissariat : Estelle Pietrzyk, Conservatrice du patrimoine, Directrice du MAMCS

Le CEAAC présente également du 17 septembre au 18 octobre 2015
« À une autre vitesse » une exposition consacrée aux aquarelles et encres de l’artiste.

INFORMATIONS PRATIQUES
Lieu : Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg
1, place Hans-Jean-Arp / tél. 03 88 23 31 31
Horaires : du mardi au dimanche de 10h à 18h. Fermé le lundi
Tarifs : 7 euros / 3,5 euros (réduit)

Programmation culturelle
Visites commentées « panachées »
Samedi à 15h (du 18 juillet au 29 août)
avec présentation de l’accrochage « Intérieurs »
Dimanche à 11h (du 27 septembre au 1er novembre)
avec présentation de l’exposition « Tristan Tzara »
Une heure / une oeuvre
Vendredi 29 mai à 12h30
Silencio
Temps d’une rencontre « je suis nombreux »
Samedis à 14h30
11 avril : Pierre Mercier
18 avril : Philippe Lepeut
23 mai : Tiphaine Laroque
30 mai : Alain. Declercq
6 juin : Alain Della Negra
13 juin : Manfred Sternjacob
20 juin : Marcel Dinahet
26 septembre : Patrick Javault
3 octobre : Pierre Filliquet
24 octobre : David Legrand
Événements
Nuit des musées
Samedi 16 mai à 20h et 21h
Performance Claire Serres
Journées du patrimoine
Dimanche 20 septembre à 15h
Philippe Lepeut
En parallèle à l’exposition, une large programmation culturelle est proposée à l’Auditorium, autour de figures importantes dans l’univers de Philippe Lepeut : Brian Eno, Jean-Jacques Schuhl, Werner Schroeter
et Betrand Bonello.
Cinéma :
21 avril 2015 à 19h Bertrand Bonello 1
Quelques-uns des premiers films de Bertrand Bonello
Cindy, the doll is mine, 2005, 15’
En s'inspirant de Cindy Sherman, Bonello met en scène deux femmes dont le rôle est tenu par la même actrice, Asia Argento, de part et d'autre d’un objectif photographique.
Where the boys are, 2010, 22’
Le bus d'Alice, 1995, 18’
Juliette + 2, 1994, 33’
Prix des place 6 € ; tarif réduit : 4,50 €.
En partenariat avec les cinémas Star
28 avril 2015 à 19h Bertrand Bonello 2
Quelques-uns des premiers films de Bertrand Bonello
My New Picture de Bertrand Bonello, 2006, 65’.
Ce film pour les « oreilles » décline en quatre mouvements un paysage électronique, romantique, dansant puis intime.
Prix des place 6 € ; tarif réduit : 4,50 €. En partenariat avec les cinémas Star