On entre dans le film - donc dans le lieu clos où se passera sa majeure partie - très progressivement; d'abord le bord avant de la voiture qui roule dans les rues de Téhéran , puis on voit les passagers du taxi , un homme qui parle beaucoup et une femme plus réservée qui n'est pas d'accord avec les propos tenus par l'homme qui voudrait qu'on tue tous ceux qui volent un auto-radio.... Enfin on voit le conducteur du taxi qui est Jafar Panahi , le réalisateur , lui qui est interdit de filmer en Iran et qui n'a trouvé que ce moyen pour contourner cette interdiction ...
La censure est forte en Iran ; Jafar Panahi a été emprisonné et, à sa sortie, il a réussi à faire un film en l'intitulant " Ceci n'est pas un film " et un autre que je n'ai pas vu ... Pour le film que je viens de voir il a trouvé le stratagème du taxi pour dresser , librement et avec humour , un portrait de la société en Iran et surtout la difficulté de vivre sous un régime dictatorial ; ceci est bien exprimé par la nièce de Jafar Panahi qu'il est allé chercher à la sortie de son école de cinéma. Elle énumère à son oncle toutes les choses impossibles à dire ou à montrer dans un film , selon les directives de l'état transmises à l'école par la professeur de cinéma... A entendre cette liste, on voit le visage du réalisateur se tendre de colère rentrée...
Il y a d'autres scènes plus comiques , en particulier celle des deux dames avec leurs poissons rouges et leur histoire loufoque.... et puis le fait que le chauffeur improvisé ne connaisse pas bien les endroits où les passagers veulent aller...
La dernlère passagère, une amie du réalisateur ,avocate interdite d'exercer à cause de ses actions en faveur des droits des femmes, montre beaucoup d'humour et est contente de se retrouver dans un taxi où elle peut dire ce qu'elle pense.....
La fin révèle le contraire , la censure est telle que même dans un taxi on n' en est pas à l'abri ....
J'ai bien aimé ce film et j'admire le courage de Jafar Panahi qui , par amour du cinéma, est prèt à ses risques et périls à braver toute censure ...