La bourgeoisie d'après-guerre qui s'ennuie (La notte), l'absurdité de l'argent roi (symbolisé par la bourse dans L'éclipse) qui prend possession du monde, la culture pop des sixties en Angleterre (Blow-up), la contestation étudiante et la liberté sexuelle ( Zabriskie Point), la gueule de bois des lendemains qui déchantent dans les années 70 (Profession : reporter).
Tous ces éléments nous prouvent que le cinéaste avait les deux pieds (et sa caméra) de posés dans son temps. D'ailleurs il ne tourna jamais (à l'exception d'un téléfilm) de films en costume, de films se déroulant dans le passé...
De Ferrare (ou il naquit en 1912) à Rome (où il s'éteignit en 2007), en passant par Londres, les Etats-Unis, La Chine, l'Afrique, La France, l'Espagne, le maestro construisit son œuvre au rythme d'un monde qui se perdit à trop se chercher une identité ou une raison d'être.
Face au trop beau, trop fort, trop vite, trop grand qui marqua la seconde moitié du 20ème siècle, Michelangelo Antonioni est peut être le seul réalisateur à avoir compris que tout est mêlé (existence et création, Arts et politique) sous la forme d'une empreinte, détail dérisoire au milieu de l'immensité mais qui prend soudainement toute la place si on ne regarde qu'elle...