Lassé(e) des concerts bruyants où les discussions irrespectueuses prennent le dessus sur la performance des artistes présents sur scène?
Lassé(e) des horaires tardifs qui obligent ceux qui veulent assister à un concert à faire garder leur progéniture et à se présenter au dit concert complètement épuisés par leur journée de boulot (as-tu remarqué comme il y a peu de concerts intéressants le week-end, à Paris?)?
Lassé de cotoyer dans la fosse des spectateurs avinés qui te font profiter de leur haleine fétide pendant que tes lombaires crient grâce à grands coups d'arcs électriques qui irradient tout le long de ton échine?
J'ai LA solution : Les Siestes Acoustiques.
Ce concept est développé par Bastien Lallemant qui, avec un plaisir non dissimulé, invite à l'heure de la sieste quelques amis musiciens à se produire dans de jolis endroits à dimension humaine. Là, le public est invité à s'allonger confortablement dans les transats installés pour lui tout exprès ou sur les moelleux coussins mis à sa disposition ou qu'il aura bien voulu apporter.
Dimanche dernier, c'est armée de mon coussin moelleux et de ma couverture douce que je me suis rendue à la cité internationale universitaire de Paris au milieu de l'après-midi.
Le parc, à cette saison, offre un décor idéal pour une flânerie dominicale et le parcourir d'un pas pressé pour rejoindre le pavillon de la maison des étudiants d'Asie du Sud-est me convainc d'une chose : une fois le concert terminé, la journée se prolongera sur la pelouse baignée de soleil.
Le délicieux dimanche que voilà...
Une fois sur place, on est tout de suite à l'aise. L'ambiance est détendue, informelle : Les artistes se mêlent aux spectateurs et l'ambiance est bon enfant : on grignote les parts de gâteau mises en vente à l'entrée pour trois fois rien en profitant des rayons du soleil tranquillement.
Aux siestes acoustiques, on cotoie un public varié et pas mal de familles sont présentes. Les petits semblent ravis de batifoler dans l'herbe en attendant que ne débutent les festivités tandis que les parents échangent joyeusement sans se préoccuper de surveiller la marmaille, libre de gambader partout dans cet espace fermé, à l'intérieur de la ville. Reposant.
Lorsque l'heure de démarrage est arrivée, on entre dans le pavillon en ouvrant les yeux bien grands. Dorures et peintures rouges, bouddha géant dominant l'espace réservé aux musiciens, dragons : l'endroit en lui-même assure une partie du spectacle.
Ici, on fait un peu comme à la maison. L'idée est, comme on nous le rappelle au moment de l'installation, de trouver la position la plus confortable pour profiter de l'évènement sans craindre un seul instant de s'assoupir. Au contraire, précise-t'on l'oeil qui frise, les ronflements sont tolérés voire même encouragés.
Il y a donc ça et là des petits et des grands qui s'allongent sur les couvertures et les coussins, qui se calent dans les transats ou les banquettes judicieusement disposés autour de "la scène" pendant que les artistes commencent à investir l'endroit.
Dans le public comme sur scène, chacun se met à l'aise. On se déchausse, on s'étire, on empile quelques coussins pour se sentir vraiment bien et la sieste acoustique peut vraiment commencer.
Le tintement d'une clochette donne le départ de la performance qui mêle musique acoustique (ô combien reposante), chants a cappella et épisodes de lecture. Bel éventail de plaisirs variés toujours sur le même thème : l'invitation au repos et à la détente.
Il y a ce jour là (mais les affiches changent régulièrement, au fil des évènements) Camelia Jordana au chant -on retiendra notamment son impeccable "colonel chagrin"-, Bastien Lallemant dont le plus-que-parfait "un million d'années" assurera la cloture de l'évènement, Albin de la Simone derrière qui on reprendra le refrain de "mes épaules" dans un doux murmure mais aussi Seb Martel, JP Nataf et Maëva Le Berre.
Tous ensemble ils assurent un concert d'une enveloppante douceur qui berce ceux qui se sont laissés tomber dans un demi-sommeil et réjouit carrément ceux qui ont su rester éveillés.
Olivier Adam ponctuera quant à lui la séance d'intermèdes au cours desquels ils assurera de courtes lectures qui trouvent parfaitement leur place entre deux morceaux, épisodes souvent accompagnés de quelques notes de musique délicatement délivrées par les musiciens invités.
Lorsque la fin de la session est annoncée, on émerge doucement de l'agréable torpeur dans laquelle on s'était laissé sombrer pour, enfin, laisser libre cours à notre enthousiasme à grand renfort d'applaudissements tonitruants.
Oui parce que s'il fallait émettre un regret, ce serait peut-être celui-ci : l'nterdiction d'applaudir entre les morceaux afin de ne pas réveiller ses voisins assoupis (la frustration est grande à certains moments et il faut réprimer quelques réflexes trop enthousiastes pour respecter la consigne). En fin de compte ce n'est peut-être pas si mal : Le salut général n'en est sans doute que plus intense car le public a dû refouler ses manifestations de joie une heure durant. Explosion garantie en fin de session.
En famille, en solo, en amoureux ou entre amis, les siestes acoustiques sont l'occasion de profiter d'un moment de détente mis en musique par des artistes confirmés qui ont à coeur de faire profiter leur public d'un moment unique. Dans une ambiance familiale et détendue, c'est une occasion unique à Paris de s'offrir une sieste grand luxe dont on se souviendra longtemps.
A noter qu'à la fin de l'évènement, buvette et buffet ouvrent à nouveau pour tous ceux qui veulent s'offrir un goûter au soleil, histoire de prolonger le plaisir quelques minutes encore.
Tu peux compter sur moi pour partager par ici et sur les réseaux, les dates des prochaines siestes acoustiques parisiennes.
En attendant, bon week-end,
XX
Pour info, le reste des billets de la série "la musique autrement" est à retrouver ici : le pic nic We Pop, les soirées d'Ajah, les performances arty de Mathias Malzieu et le ciné-concert des Stones à la Géode.