Rough Luxe Hotel : l’Atypique" border="0" title="LE MONDE DE SOPHIE > Rough Luxe Hotel : l’Atypique" />
Photo ©Luxurydreamhotels
par Sophie Faucillion /"Il existe une fosse maudite, la vermine du monde y habite, elle ressemble à ce qu’un porc ingurgite et s’appelle Londres." St Pancreas' StationJe me réveille en sursaut une sueur froide frigorifiant mon corps et une faim me mordillant le ventre : vais-je devoir ingurgiter une tourte aux Lawyers pour ensuite en dévorer une aux fusiliers marins, morceau de choix plus bourlingueur, histoire de faire passer le coté pâteux de l’homme de lois ? Sauf que je ne suis pas fin 19éme, que je ne suis pas accompagnée de Swneeney Todd et que je ne vais pas à Fleet street chez Mme Lewitt mais au Rough Luxe Hôtel, situé non loin de la gare. Rien à voir, donc.Arrivée au 1, Birkenhead Street, une enseigne aux charmes discrètement old school, illumine ma venue dans l’atypique hôtel "brut de luxe": une façade purement géorgienne, des fenêtres cintrées offrant un cadrage chaleureux sur une hospitalité typiquement british. Un porte pleine, une sonnette patinée... Me serais-je trompé ? Ne serais-je pas en train de m’inviter chez un particulier ? La cloche est belle… I ring the bell ! "Hi, you must be Sophie, welcome, enchanté?" "I’m Leo, you’re host, make yourself at home !". Comment pourrais-je faire autrement ? Dans l’entrée deux miroirs 40’s, au travers desquelles on aimerait se surprendre saupoudrée de quelques fards, reflètent ma silhouette dégoulinante du crachin londonien, des lambeaux de papiers peints affirment, non pas l’abandon mais l’authenticité du lieu. Le temps d’une infusion, Léo m’invite à prendre place dans un petit boudoir. Au dessus de l’ancienne cheminée, dont l’âtre abrite désormais une commode 70’s attisée d’un rayonnage d’éditions flamboyantes, trône une photo de Jonathan Root "Gilbert et Georges". Une chaise sculpturale de Karen Ryan incite à l’extravagante expérience d’une assise insolite, mais rester digne me semble impératif pour un premier contact. Je décide de repousser la performance et opte pour une sage détente dans l’un des fauteuils farouchement tapissés de poulains à jamais chevauchés en contemplant les papillons jaunes dans un cadre affolés.
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Le Rough Luxe Hôtel, c’est l’excentrique contradiction des styles brillamment contée : une épopée temporelle (une chaise Louis XV côtoyant un design contemporain), l’élégante fonctionnalité (les salles de bain en céramique soulignant une robinetterie dernier cri), du vintage (un téléviseur couleur 1970, "pas de télécommande"), les classiques du luxe ironisés (le spa : une lunette proposant tout le confort possible à notre divin postérieur), le retour d’un traditionnel oublié (un tapis tissé main par une antique manufacture Portugaise), du recyclage (la table du royal breakfast : une reconversion d'un des pontons de Brighton encore cicatrisé de graffitis claniques "London Boys"), une galerie qui n’en n’ai pas une : "Shit ! " : un tableau de Daniel Baker , une photographie originale de Massimo Listri.16h00 - Juste le temps de faire un détour à Camden fouiller et retourner de vieilles malles avant de retrouver Rabih Hage, le chef d’orchestre de l’audacieux concept. 19h00 - à Sloane Square, l’Oriel Café est full up. Du bar, Rabih me fait signe comme s’il me connaissait déjà, ce qui en fait est le cas. Etudiants à l’école d’Architecture de Paris la Seine, il était massier de l’atelier "St A" et moi "nouvelle", un étage en dessous, chez Vigor. Après une heure de joyeuses évocations commémoratives de nos turbulentes années estudiantines, nous dérivons vers l’épicentre de notre rencontre : la genèse du Rough Luxe Hôtel. Acquis en 2007, cette maison du 19ème siècle classée monument historique était avant occupé à 200% : un témoignage de la rapidité et de la fréquence des rendez-vous "galants" dans le red line district. Plancher sur un concept proposant une nouvelle destination à l’hôtel sans trop de travaux nécessitait une grande ingéniosité stylistique. Comment séduire une clientèle à la recherche du "new luxe", non ostentatoire mais sophistiqué, dans un quartier "rough" mais en devenir : y ont pris niche The Guardian, la Gagosian Gallery, de nombreuses agences d’architecture ? La solution : "Un entremêlement d’empreintes historiques et d’un fonctionnement contemporain. D’incalculables heures d’investigation ont été nécessaire pour parfaire le projet : Bâle pour acquérir les œuvres d’art, Paris et Londres pour chiner antiquaires et ferrailleurs et s’affirmer dans les ventes aux enchères". Il est temps de rejoindre le luxueux Rough hôtel, l’Eurostar n’admet pas les retards. Contrariée de ne pouvoir poursuivre mon séjour, Léo, me propose de tester la "Hungerelies Machin" : seulement deux pounds pour se défouler en brisant un verre en cristal ou un œuf de Fabergé, franchement plus ludique que les distributeurs du métro parisien. Devant St Pancreas' Station des néo-punkettes fument et dégainent des canettes, le revival des Strange Little girls ne fait pas de doute. Il existe une ville improbable, les insoumis du monde y habitent, elle ressemble à ce que l’on désire de l’invraisemblable et s’appelle Londres.Info pratique: Rough Luxe Hotel, 1 Birkenhead Street, London WC1H 8BA - t/ 00 44 020 7837 5338 - www.roughluxe.co.uk