Alors que les taux des emprunts allemand s'aventurent dans le négatif, il peut sembler ironique que l'Allemagne ait à se plaindre de prêter à la Grèce au taux avantageux de 13%. Après tout, si la Grèce ne fait pas défaut, l'opération sera très lucrative pour tous ses créditeurs.
Mais à ce jeu là, l’Allemagne risque de perdre plus que son argent, c'est son leadership politique qui est mis en cause. Nul doute que la gestion de cette crise cause une certaine appréhension au sud de l’Europe, pour l'Italie par exemple et ses 132,6% du PIB de dettes.
Mais l’Allemagne n'est pas la seule fragilisée, on peut aussi s'interroger sur la mission de la BCE notamment au vu de son manque de flexibilité et de réactivité. Avec une inflation de l'Euro-groupe négative depuis le début de l'année, une parité de l'euro toujours forte, la BCE faillit à sa mission. autant dire que le poids de la dette n'est pas prés de pouvoir se réduire.
Ce modèle économique du pacte de stabilité, qu'il faudra remettre en cause, montre sa grande incapacité à mener des politiques de relance de l'économie. La BCE, institution cash-rich par excellence, n'a pas les mandats pour relancer les grands projets qui pourrait remettre l'Europe sur la voie.
On voit mal la BCE engoncée dans son rôle de collecteur de dettes, promouvoir la création d'infrastructures dans les zones sinistrées, sans même parler de revaloriser l'agriculture, développer la recherche, l'éducation, les télécoms, réduire la dépendance énergétique, favoriser les énergies alternatives...
L'absence de vision de la BCE sur l'avenir de la Grèce est aussi le révélateur de l'absence d'indépendance politique de cette institution, coupable comme l’Allemagne de se satisfaire d'une tutelle de la Grèce qui assoit leur emprise politique sur le reste de l'Europe.
Dans ce contexte, nul échappatoire à l'horizon si ce n'est pour l'Europe de consentir à alléger la dette grecque détenue par les institutionnels. La BCE pourrait y consentir aisément, en augmentant le nombre d'euros en circulation, et en laissant courir l'inflation.
Mais cette ligne de crédit ne doit pas faire stopper les efforts pour assainir l'économie grecque et mettre à bas le clientélisme politique grecque, une direction qu'a déjà prise Alexandre Tsipras, mais qu'il faut poursuivre.
Pour approfondir le sujet:- Mon article précédent sur la strucutre de la dette grecque.- L'autopsie des actions de restructuration de la dette grecque. Ou on voit les progrès à faire en terme d'allégement de la dette (debt relief)