#LaFayette #Hermione
Le 20 mars 1780, le marquis de La Fayette embarque à 23 ans sur l'"Hermione" pour prêter main-forte aux "patriotes" américains contre les Anglais. 235 ans plus tard, samedi 18 avril à 22h30, la réplique du navire quittera son mouillage de l'île d'Aix (Charente-Maritime) pour rallier à son tour l'Amérique.©RenéBlanchemanche
"Il y a deux siècles, ils étaient 242 à bord" -dont 130 à la manœuvre- "nous, nous serons 80 en tout", prévient Yann Cariou, commandant du trois mâts, mis à flots en 2014 à Rochefort (Charente-Maritime) au terme d'un chantier titanesque de 17 ans.Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757-1834), n'a que 19 ans pour son premier voyage lorsqu'il décide de s'engager comme volontaire auprès des insurgés qui luttent contre la Couronne britannique depuis la déclaration d'Indépendance du 4 juillet 1776. Passionné par les idées des philosophes des Lumières, répondant à l'effort de recrutement de l'ambassadeur des Insurgés en France (un certain Benjamin Franklin), il s'embarque en 1777 à bord la "Victoire", malgré l'opposition de sa famille et du roi de France, Louis XVI.
Le jeune héritier d'une grande famille de l'aristocratie militaire débarque en Caroline du Sud et participe à plusieurs combats. Son engagement lui vaudra d'être reconnu par George Washington qui l'affecte à son état-major.De retour en France en 1779, La Fayette défend la cause des indépendantistes auprès de l'opinion publique. Quelques mois plus tard, le 21 mars 1780, il prend à nouveau la mer pour l'Amérique. Cette fois à bord de l'"Hermione" et avec le soutien officiel de Louis XVI qui a accepté d'armer un corps expéditionnaire. Mise en chantier à l'arsenal de Rochefort en 1778 sur les plans de l'ingénieur Chevillard Aîné, l'"Hermione" de La Fayette fut achevée en six mois.Après 38 jours de mer, il débarque cette fois à Boston et rejoint le général Washington pour lui annoncer l'arrivée imminente des renforts français. A la tête des troupes de Virginie, il participe 18 mois plus tard, avec l'appui des troupes françaises conduites par le comte de Rochambeau et l'amiral de Grasse, aux victoires décisives de la baie de la Chesapeake puis de Yorktown, qui signent la capitulation anglaise. Le héros des deux mondesSon destin de héros de l'Indépendance américaine est désormais scellé. Il rentre en France couvert de gloire. En 1784, il repart en Amérique à l'invitation de Washington avec lequel il ne cessera de correspondre. Il lui faudra attendre ensuite plus de 40 ans pour revoir sa patrie de cœur. Entre temps, le marquis, défenseur acharné de la liberté, prend une part importante dans la Révolution française de 1789 (il participe notamment à la rédaction de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen et à l'adoption de la cocarde tricolore).En 1824, le Congrès américain invite son héros aux États-Unis pour une tournée triomphale d'un an. Et lorsqu'il meurt dix ans plus tard à Paris, à l'âge de 77 ans, la terre servant à l'enterrer au cimetière de Picpus provient partiellement d'Amérique. C'est sur cette tombe que le 4 juillet 1917, le lieutenant-colonel américain Charles E. Stanton lancera son célèbre "La Fayette, nous voilà!", repris lors du débarquement en France en 1944 par les troupes américaines.
©RenéBlanchemanche
Aujourd'hui encore, le "héros des deux mondes" jouit aux Etats-Unis d'une immense popularité. Pour l'historienne américaine Laura Auricchio, qui a publié fin 2014 un livre consacré au marquis, Lafayette (orthographié ainsi aux Etats-Unis comme il le voulait lui-même, dit-elle) est aux États-Unis "le héros français le plus aimé de la révolution américaine, le jeune homme que George Washington considérait comme son fils adoptif et le symbole éternel de l'amitié franco-américaine. Nous savons que les États-Unis n'auraient pas gagné leur liberté sans l'aide de la France"."Lafayette est plus populaire aux États-Unis qu'en France", assure Chuck Schwam, trésorier des American Friends of Lafayette, évoquant les 80 villes, hameaux ou comtés qui portent son nom. Outre-Atlantique, des milliers de spectateurs férus d'histoire et/ou francophiles autant que passionnés de la mer, attendront la frégate à chacune de ses 11 escales, le long de la côte est-américaine: Baltimore, New York, Philadelphie, Newport, Boston, etc...Apothéose des célébrations de l'amitié franco-américaine, "des centaines si ce n'est des milliers" de bateaux à voile ou à moteur escorteront l'"Hermione" dans la baie de New York, pour la grande parade du 4 juillet, jour de l'Indépendance, annonce déjà David Lincoln Ross, directeur éditorial des Friends of Hermione-Lafayette in America.©RenéBlanchemanche
La rédaction du HuffPost avec AFPPublication: 18/04/2015
http://www.huffingtonpost.fr/2015/04/18/hermione-replique-235-ans-apres-marquis-la-fayette_n_7077528.html?ncid=fcbklnkfrhpmg00000001