Les pseudarthroses du scaphoïde carpien sont rares chez l’enfant. Leur mode de prise en charge reste controversé pour plusieurs raisons : difficulté diagnostque (syndrome malformatif, scaphoïde bipartite), possibilité d’évolution favorable par simple traitement conservateur, incertitude du devenir à long terme et bonne tolérance clinique.
Le but de cette étude est de préciser la place de la chirurgie dans le traitement de ces lésions.
Nous rapportons 6 nouveaux cas de pseudarthroses du scaphoïde chez cinq enfants (1 cas bilatéral) garçons âgés de 9 à 14 ans au moment du diagnostic. Les circonstances de découverte sont varies : symptomatologie douloureuse et limitation de la mobilité (2 fois chez le sujet le plus âgé présentant une atteinte bilatérale), 2 fois à l’occasion d’une radiographie pour nouveau traumatisme, 1 fois à l’occasion d’une radiographie pour détermination de l’âge osseux. 1 fois au décours d’un suivi systématique d’une fracture correctement traitée. À l’interrogatoire, une notion de traumatisme est retrouvé 3 fois sur 6 (2 fois une simple manchette pour 15 jours avait été réalisée pour ce traumatisme étiquette entorse, 1 fois le traitement avait été bien conduit). Le retentissement clinique est souvent absent ou paucisymptomatique au moment de la découverte (sauf chez le sujet de 14 ans qui consultait pour douleur et limitation de la mobillité).
La radiographie standard montre la présence d’une pseudarthrose du 1/3 moyen dans tous les cas avec lésions kystiques (3 cas), ostéocondensation des berges (2 cas) et de désaxation en DISI (3 cas). L’interligne radioscaphoidien était toujours normal. Aucun signe de nécrose radiologique n’était observé.
Une intervention chirurgicale a été systématiquement proposée aux parents. Une greffe corticospongieuse par voie antérieure stabilisée par vissage ou brochage suivie d’une immobilisation de 3 mois a été réalisée dans chaque cas. La consolidation a été obtenue dans chaque cas. Aucune complication précoce n’est à déplorer.
À 3,5 ans de recul moyen (minimum 2,5 ans, maximum 5 ans), les résultats sont jugés cliniquement sur la douleur, la force, la mobilité et radiologiquement sur l’aspect du scaphoïde, sa croissance, la présence d’une DISI éventuelle. Ils sont considères comme bons dans 5 cas et moyen dans 1 cas devant la persistance d’une petite diminution de la mobilité indolore compatible cependant avec une vie normale.
La qualité de ces résultats et la revue de la littérature concernant l’évolution naturelle des pseudathroses asymptomatiques confirment le bienfondé du traitement chirurgical par greffe proposé précocement avant la survenue de lésions d’arthrose sur des poignets encore en « début de vie ».