iZombie est une nouvelle série de 12 épisodes diffusée depuis le 17 mars sur les ondes de The CW aux États-Unis et un jour plus tard sur la plateforme de vidéo sur demande Shomi au Canada. Le personnage principal est Olivia (Rose McIver), une jeune et brillante étudiante en médecine qui après avoir participé à une fête, s’est transformée en zombie. Depuis, elle ne se nourrit que de cerveaux humains et c’est la raison pour laquelle elle se trouve un emploi en tant que médecin légiste. Mais à la digestion de ceux-ci, elle est prise momentanément des souvenirs et habitudes des défunts, lesquels ont pour la plupart été assassinés. Elle décide donc de mettre ces informations à profit en collaborant avec le détective Clive Babineaux (Malcolm Goodwin) en lui faisant croire qu’elle est médium. Adaptation d’une bande dessinée éponyme des DC Comics, iZombie parvient à combiner de façon correcte le genre policier avec celui mettant en scène des zombies. Il est cependant dommage que les enquêtes prennent un peu trop le pas sur la condition du personnage principal que l’on n’exploite pas assez.
Buffet à la morgue
À l’ouverture du pilote, Olivia a tout pour être heureuse. Destinée à une carrière prometteuse, elle est aussi parfaitement comblée en amour avec son fiancé Major (Robert Buckley). Un soir, une de ses collègues l’invite à une fête près d’un lac et la plupart des invités s’injectent d’une drogue mystérieuse qui les rend déments. Le lendemain, ils sont tous (présumés) morts, à l’inverse d’Olivia qui n’avait rien consommé, mais qui s’est tout de même transformée en zombie. Teint blême, humeur morose; si elle ne devient pas complètement hagarde, c’est qu’elle peut se nourrir de cerveaux humains grâce à son nouveau travail, la seule nourriture qui lui donne de l’énergie… et des visions. En effet, avec son collègue le Dr Ravi (Rahul Kohli), ils doivent déterminer les causes de la mort des patients et c’est en digérant leur bout de tête ou en revenant sur les lieux du crime que la jeune femme a accès à des bribes de scènes de crimes et qu’elle devient d’office la partenaire privilégiée du détective Babineaux. Ensemble, ils élucident au cours des trois premiers épisodes les meurtres d’une prostituée roumaine, d’un sociopathe et d’un peintre réputé pour son infidélité. Sur ces entrefaites, un nouveau personnage s’ajoute à l’intrigue : celui de Blaine (Blaine Anders), un autre mort-vivant qui se trouvait à la même fête que Liv, mais au comportement beaucoup plus machiavélique.
C’en est presque une habitude cette année : on adapte en séries télé des bandes dessinées des maisons Marvel ou DC Comics et la structure de chaque épisode prend la forme d’enquêtes policières (Gotham) ou d’espionnage (Agent Carter). iZombies ne fait pas exception à la règle. Évidemment, si Olivia pouvait voir le meurtrier dès la première vision, les affaires seraient trop vite classées et c’est pourquoi elle n’a que quelques souvenirs du déroulement des drames : en somme, au lieu de voir des enquêteurs récolter des indices, l’héroïne les accumule en vision, alors on est quand même dans le pareil au même. Au moins, ces investigations, quoique classiques, sont bien écrites et la chimie opère au sein du trio Olivia, Ravi et Babineaux.
À ce genre policier, incontestablement populaire, on a cru bon d’ajouter cette touche de surnaturel en y intégrant des zombies; autre « forme humaine » qui a la cote ces temps-ci en fiction. Certes, le personnage d’Olivia détonne du mort-vivant traditionnel parce qu’elle n’en veut pas aux humains et cherche aussi à ce que justice soit rendue, mais on ne s’éloigne pas trop non plus du canevas en faisant entrer en scène Blaine qui n’a aucun scrupule à contaminer les autres et à commettre les meurtres les plus sordides. Enfin, notons que dans sa structure, iZombie ressemble étrangement à Forever diffusée depuis l’automne sur ABC et dans laquelle le protagoniste Henry meurt à plusieurs reprises pour ressusciter ensuite. Comme Olivia, il est médecin légiste et enquête chaque semaine sur un nouveau meurtre. La seule différence entre les deux fictions est qu’à CW, on recherche un meurtrier alors qu’à ABC, c’est la façon dont est morte la victime qui prend toute la place. Comme quoi l’originalité a toujours bien ses limites sur les grands networks.
« Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es »
Malgré ce conservatisme au niveau de la structure d’iZombie, l’élément sans doute le plus intéressant ici a à voir avec le fait que l’héroïne dévore des cerveaux. Non seulement ceux-ci lui donnent des visions, mais pendant qu’ils sont dans son estomac, Olivia adopte certains traits de personnalité de la victime. Par exemple, la protagoniste développe un goût sûr pour l’art et une attirance envers les femmes dans le second épisode lorsqu’elle ingurgite le cerveau de l’artiste ou se retrouve sans émotion face à la détresse humaine après avoir mangé celui du sociopathe. Ces changements hebdomadaires de personnalité déstabilisent autant la principale intéressée que son entourage, dont Major qui s’est retrouvé sur la touche après la transition de la vie à « semi » trépas (qu’il ignore) de sa dulcinée. Ce qu’il y a de plus dramatique est qu’elle est consciente de ces transformations à l’opposé des zombies uniformes et automates que l’on nous présentait dans Z Nation par exemple. Et même si elle déteste se retrouver dans la peau d’un sociopathe, elle ne peut s’empêcher de finir le bout de tête restant parce qu’au point où elle en est, elle aime mieux ne rien ressentir que d’être triste : un sentiment qui nous a tous habités à un moment où à un autre de notre vie. Ce dédoublement de personnalité apporte beaucoup de profondeur au personnage et nous donne des moments à la fois loufoques et dramatiques selon les circonstances. Dommage par contre qu’on n’exploite pas ce filon davantage.
iZombie a rassemblé 2,30 millions de téléspectateurs lors de sa première avec un taux de 0,9 % sur la cible des 18-49 ans; un démarrage passable. Les chiffres ont ensuite légèrement diminué, mais sont restés stables de la semaine 3 à la semaine 4 : 1,81 million à 0,7 %; c’était justement la moyenne en direct de The 100 diffusée l’an dernier sur la même chaîne et qui s’est méritée une seconde saison. Une chose est certaine, c’est rafraîchissant de voir à l’écran une héroïne féminine loin des clichés et avec un certain degré de complexité. Espérons qu’on explorera davantage cette trame au cours de la saison.