Je voulais réagir depuis un moment déjà au contrat de travail unique proposé par Gattaz. Je suis partagé. A vrai dire, d'un côté, comme Laocoon, le prêtre d'Apollon troyen devant le cheval de Troie, timeo Danaos et dona ferentes, je me méfie de ce genre de cadeaux. J'ai trouvé Gattaz convaincant quand il a exposé son projet, mais je j'oublie pas non plus qu'il représente le MEDEF dont les objectifs ne sont pas précisément ceux des salariés, c'est un euphémisme de le dire.
Il y avait un point qui me plaisait dans son exposé : il suggérait qu'un salarié et un employeur pourraient conclure un contrat de travail en définissant à l'avance les conditions dans lesquelles un licenciement devient possible et il glissait comme exemple un ralentissement de l'activité amenant l'entreprise à perdre de l'argent.
Dans le principe, je ne suis pas contre l'idée mais je me méfie des conditions dans lesquelles un tel contrat pourrait être signé. Il faudrait que les clauses soient équilibrées.
Et en tout cas, je ne pense pas que cela relance l'emploi comme l'affirme Gattaz, car, sur ce point, je crois que c'est l'activité économique et la croissance qui le permettent.
Je n'aime pas trop l'idée de pouvoir licencier sans motifs parce que c'est la porte ouverte à tous les abus. Puisque le gouvernement s'empare du harcèlement sexuel, typiquement, tu couches ou tu dégages. Voilà, pas de motif de licenciement explicite, ça permet ce genre de choses. On peut trouver d'autres abus comme des heures de travail à rallonge sans aucune rémunération et cetera...
Il ne faut pas se voiler la face, dans toute négociation il y a toujours des arrière-pensées. Quoi que dise Gattaz je me doute qu'il ne travaille ni ne propose des solutions pour l'emploi mais pour les entreprises et les patrons. Son idée n'en mérite pas moins d'être examinée et scrutée. Il y a dans le programme du MoDem une idée qui ressemble à cela (mais assortie de limites strictes) et François Bayrou l'avait d'ailleurs portée en 2012.
Je l'ai parfois proposé, je trouvais intéressante une ancienne idée d'Alain Juppé, reprise plus tard par Raffarin et Christian Blanc : il faudrait tester dans des zones franches, de préférence défavorisées, certaines mesures pour voir si elles fonctionnent. Cela suppose de se doter d'un outil législatif qui permettent les dérogations à la loi commune, une idée qu'il ne nous est pas facile d'admettre dans notre État centralisé.