C’était pour moi surtout un nom. Je n’avais pas lu ses poèmes, j’avais peut-être sans le savoir entendu certains de ses textes chantés. C’est grâce au cadeau qui m’a été fait de l’anthologie publiée par Bruno Doucey que j’ai pu découvrir ce poète qui aurait 100 ans cette année. Les rimes des premiers poèmes ne m’ont guère séduit, je l’avoue, et je me suis dit qu’elles étaient d’un temps révolu. Mais Luc Bérimont n’en est pas resté à cette forme. Certes, on reconnaît souvent une métrique proche de la chanson, mais il y a aussi des textes très courts, d’autres qui s'étendent sur plusieurs pages, jusqu’à ce texte intitulé « Américaines » dont on sort avec l’impression que les vers ne sont pas assez longs pour dire le gigantisme des villes d’outre Atlantique. Mais plus souvent, c’est la nature qui est là, une vie simple « de corvée en corvée », et puis l’amour, la femme, chaque fois unique, « la femme arable et la terre humble ». La lecture de ce livre nous fait rencontrer un homme, de ses 25 ans jusqu’aux jours de décembre 1983 qui ont précédé de peu sa mort. Quand on ferme le livre, on se dit qu’un homme est passé par là, un homme que sa vie a quitté, un homme qui le savait et écrivait : « Un jour, tu partiras sans moi, en laissant notre lit défait ».