Philippe Grand publie [Nourre] chez Eric Pesty éditeur.
D’un murmure propre à la rature.
Ton silence travaille à tes mots. Le dire
précoce accuse de bâclage
la verte de Janvier
Le jaspe copie Bram Van Velde.
Écrivant, c’est au texte définitif que l’on en veut
à lui que l’on s’efforce de soutirer.
Il est ce leurre qui prête au cheminant ses chutes
– la herse qu’il traîne laboure devant,
ses lacunes au dernier état.
Donne le tronc
avec les branches.
(Il arrive qu’une l’élague – lisibles traces de coupant.)
Donne l’arbre
à ses autres racines.
Monde est farouche
Offrons nos paupières à brouter.
Rencontre avec l’Écartelant
Le dit explore son possible
J’avance
dans le béton du geste.
Raturer pour mieux voir le soustrait par l’ajout.
J’ai connu comme ça quatre
Pierre. Ils caressaient jusqu’à
la truite dessous leur nom,
trébuchaient sur ses ombres
en sandales de paille dure.
Serrer glissante
loin, dans le profond
à raz de bouche : leur parole était récit
d’accouplement, conjuration d’adversité
Beau jour d’été traversé par l’idée
d’un beau jour d’été
(tu as tu l’injonction).
Deux libellules
croisaient leurs queues hors du champ, bleues
au bout du vert, dans l’axe parfait.
Immobiles et brillantes.
Le fond était le lieu d’antiques profondeurs
aplanies par les ans – sol natal de l’eau.
Sèche était claire,
s’assombrissait dans le mouillant passé le bord.
Un bol de grès, une ronde calotte
flottait, buvait à la circonférence de l’instant
l’émergence du prochain.
Le pensée longe l’idée.
Geste : hésitation sur le prochain
par contagion gagne le précédent.
Ceci s’entende
comment ne pas entendre dans le bruit.
Philippe Grand, [Nourre], 158 morceaux et des poussières -1984-1989 / 2009), Eric Pesty éditeur, 2015, pp. 44 à 47.
Philippe Grand dans Poezibao :
bio-bibliographie, [entretien] avec Philippe Grand (par Jean-Pascal Dubost), ext. 1